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Témoignage • Croire aux contes de fées

6 octobre 2017
Éliane
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de l'organisme.

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Je ne souhaite pas que ce texte soit perçu comme une généralisation, je souhaite simplement partager une partie de mon vécu le plus honnêtement possible.

Lorsque j’étais plus jeune, j’ai été bercée, comme la plupart des jeunes filles, par les histoires de princesses et de princes. Les films à l’eau de rose, le romantisme à son plus pur. Les hommes charmants en tout point, faisant la cour à une jeune femme naïve. Ensuite, ils tombent éperdument amoureux et ont beaucoup d’enfants.

J’ai commencé, alors au début de l’adolescence, à croire très fort au grand amour.

Je croyais au coup de foudre.

Je me voyais déjà mariée, amoureuse et heureuse.

Au fil des années, en observant les autres jeune  de ma génération, je me suis rendue compte de l’énorme décalage entre l’histoire de Cendrillon et la réalité que j’observais. Les garçons qui me plaisaient à l’école secondaire étaient constamment attirés par des filles plus extraverties, plus « game », plus amusantes. Je regardais les couples qui se formaient, laissée à moi-même sur le banc des joueurs.  Je ne voyais en rien les grandes histoires d’amour auxquelles j’avais crues. Les couples ne duraient pas longtemps et les ruptures étaient souvent remplies d’amertume et de souffrance.

Des amitiés se brisaient à cause des attirances qui s’y mêlaient ou encore s’y opposaient.

Malgré tout, quelque part, je les enviais.

Je voulais moi aussi être aimée.

Je voulais combler le vide.

En dernière année de secondaire, j’ai rencontré un garçon gentil, drôle et attentionné. Nous avons fait quelques sorties et tout naturellement nous sommes devenus un couple. Ce n’était pas aussi facile que je l’aurais cru.

J’ai été blessée souvent,
J’ai pleuré souvent, 
Mais j’ai aussi ri et ressenti du bonheur.  
Je me rapprochais un peu des contes de fées.

Et puis, un jour j’ai cessé de l’aimer. Après presque trois ans. J’ai laissé mon copain. Je me souviens avoir ressenti un échec cuisant. Les gens me demandaient sans cesse ce qui s’était passé. Ils s’attendaient à une dispute, des mensonges, de la tromperie, bref tout ce qui caractérise une « vraie » rupture.

Pourtant, la réalité est que bien des couples se séparent par manque d’amour ou juste parce que ça ne fonctionne plus. Une autre vérité à laquelle j’aurais aimé être préparée.

Suite à cela, j’ai retrouvé ma déception du début de l’adolescence. J’avais vécu une histoire d’amour et ce n’était pas pour la vie. J’étais maintenant une jeune adulte de 19 ans, célibataire. De nouveau, je me sentis trahie par les grandes histoires romantiques de mon enfance.

Tout ce que je voyais autour de moi c’était des « one night », des « fuckfriends », des couples qui se faisaient du mal. Je me suis demandée si c’était ça la nouvelle génération. J’ai vécu un choc.

Le pire, je crois, c’est que les autres trouvaient ça normal. On me conseillait de profiter de la vie, de profiter de ma jeunesse, de profiter des autres, profiter encore et encore. Comme s’il y avait une limite de temps et que je devais me dépêcher. J’ai eu peur de passer à côté de quelque chose, j’ai donc décidé de suivre la vague: les célibataires mal dans leur peau.

Ça fait seulement deux ans que cette période de ma vie est terminée. Je ressens encore beaucoup de honte et de tristesse lorsque j’y repense.

J’ai vécu les soirées à boire plus que nécessaire, habillée moins que nécessaire.  

J’ai charmé, j’ai joué avec le feu et je me suis brûlée plus d’une fois.

J’ai cru aux belles paroles qui me faisaient sentir vivante. 

J’ai cherché l’attention continuelle des mauvais hommes.  

J’ai été dénigrée, trahie, insultée, maltraitée, abusée.

J’ai écouté certains me dire que ce n’était pas grave, que c’était ça être jeune maintenant. Ils m’ont expliqué les joies de notre époque, du désengagement, de la liberté. Ils m’ont montré ce qu’ils appellent « la normalité ». Je me suis perdue. Est-ce que j’en ai profité? Je ne sais pas. Je me suis éloignée des bons amis/amies, de ma famille, de moi-même. J’ai recherché les émotions fortes, celles qui me donnaient l’impression de vivre pour vrai.

Au bout du compte, je vivais comme un cadavre. J’ai été plus proche de mes ennemis. J’ai côtoyé les côtés les plus sombres. J’ai touché le fond.

Puis un jour, j’en ai eu assez. J’ai repensé aux vieux films de princesses et de princes. Dans ces films, la fin est toujours belle, mais le parcours n’est jamais facile. J’ai retrouvé un peu d’espoir. J’ai décidé de revenir à la source et de croire aux belles histoires. Je sais que l’amour n’est pas facile, je sais qu’être en couple demande beaucoup de travail. Je veux me marier, avoir des enfants et une maison. Je sais que je vais rencontrer quelqu’un de bien, pas parfait non, mais de bien, respectueux et aimant. Rien ne presse. Je peux profiter de la vie de plusieurs manières. Je peux étudier, apprendre, voyager, rencontrer de nouvelles personnes.

Le célibat, ce n’est pas facile. On a souvent l’impression de passer à côté de quelque chose et de devoir constamment chercher la personne idéale. Et plus on cherche, moins on trouve.

C’est effrayant, mais on peut être bien autrement. Aujourd’hui, je me sens de plus en plus en paix avec moi-même. Je suis bien dans ma peau et je me sens rarement seule. Je n’ai plus de vide à combler. Je ne cherche plus le bonheur, je le laisse me trouver. J’ai décidé de ne pas suivre la vague.

J’ai décidé d’écrire ma propre histoire.  Et comme plusieurs l’ont déjà dit avant moi… «  mieux vaut être seule que mal accompagnée ».

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