La Presse rapporte que des chercheuses de l’Université McGill ont procédé à l’analyse de plusieurs bases de données et registres de l’état civil afin de mettre en lumière la réalité des mariages d’enfants au Canada. Leurs résultats ont révélé qu’au moins 3687 personnes de 14 à 17 ans se sont mariées entre 2000 et 2018. Considérant que les données de certaines provinces étaient incomplètes, ce nombre est en-dessous de la réalité. Le plus souvent, il s’agit d’une fille mineure (85 %) épousant un homme plus âgé (l’écart d’âge étant majoritairement de 5 ans, mais pouvant aller jusqu’à 30 ans). De plus, les mariages d’enfants sont un peu plus élevés chez les jeunes né.e.s au Canada que chez les jeunes né.e.s ailleurs.

Il faut savoir que la loi s’est resserrée depuis 2015 : il faut avoir au moins 16 ans et l’approbation des parents pour se marier. Au Québec, il faut également l’accord de la Cour. Ainsi, les chercheuses remarquent que les unions de fait impliquant une personne mineure sont maintenant bien plus nombreuses que les mariages. Bien qu’il soit plus difficile d’en évaluer l’ampleur, il s’agirait de 2160 unions de fait, et ce, seulement en 2016. Aux Nations unies, le phénomène est d’ailleurs inclus dans leur définition des « mariages d’enfants », car cette situation serait tout aussi dommageable pour la personne mineure. Elle pourrait même être pire, car en plus des risques accrus pour les jeunes d’être victimes de violence conjugale et de contracter des ITSS, l’union de fait leur procure une moins bonne protection sociale, juridique et économique qu’un mariage. C’est pourquoi les Nations unies considèrent les mariages d’enfants comme « l’un des indicateurs les plus importants de l’inégalité entre les sexes dans le monde ». Pourtant, le phénomène ne reçoit que peu d’attention au Canada, ce qui afflige les chercheuses.

Référence
https://www.lapresse.ca/societe/2021-01-15/les-mariages-d-enfants-au-pays-pas-si-rares-que-cela.php