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Témoignage • 12 ans

7 août 2017
La Saine Sale
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de l'organisme.

*Mise en garde : le contenu de ce témoignage peut déclencher de la détresse chez certaines personnes. Des ressources sont présentées à la fin du texte.*

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Les jambes tremblotantes, le coeur au bord des lèvres, je marchais pour rentrer chez moi. 

Je ne voulais pas arriver chez moi.

J'avais honte, j'avais peur, j'avais mal et je me sentais sale.

Je venais de m'abandonner pour une première fois.

Je m'étais laissée faire. J'avais figé. J'avais eu peur de dire non, je ne voulais tellement pas être rejetée.

J'avais enduré une sodomie à sec. Violente, sans demi-mesure, comme première pénétration.

J'avais hâte que ça finisse. Ça faisait tellement mal.

J'avais 12 ans.

Ma première fois aurait dû être belle, délicate, attentionnée et consentante.

Mais c'est vrai.

Je n'avais pas dit non. Tout mon être le criait.

Mais je me suis laissée faire.

En rentrant chez moi ce jour-là, ma mère m'a demandé si j'avais fait l'amour.

J'ai toujours été proche de ma mère, on se devine, on se respecte, on s'aime et on se dit la vérité. Même à 12 ans.

Mais ce jour-là, j'ai menti.

Je lui ai dit que je n'avais pas fait l'amour.

Je considérais pas ça comme faire l'amour. Je trouvais ça dégueulasse.

De lui en parler, ça faisait trop mal. Et par dessus tout, j'avais honte.

Et depuis ce jour-là, je me suis menti à moi-même. Je me suis inventé une première fois.

J'en parlais à mes amies. Je voulais être hot parce que j'avais des relations sexuelles.

Et le plus triste dans tout ça, c'est que j'ai fini par me croire.

Toute ma vie, j'ai eu peur de dire non à un homme.

Dès qu'ils me désiraient, je leur « devais » quelque chose.

J'ai enfilé les relations sexuelles.

Je me suis abandonnée tellement de fois.

Toujours en faisant passer le besoin de l'homme avant le mien.

Je ne peux même pas compter le nombre de fois où je me suis sentie comme une poubelle.

Comme un jouet.

Comme une poupée.

Ma confiance en moi en a mangé un sacré coup.

Douze ans plus tard, j'ai commencé à avoir des flashs.

À me souvenir de la vérité.

À avoir envie d'en parler.

J'essaye aujourd'hui de me pardonner.

Me pardonner d'avoir voulu être aimée des autres avant de m'aimer moi.

Pardonner mon petit moi de 12 ans qui n’a pas su dire non et qui ne s'est pas battu pour ce qu'elle voulait vraiment.

J'essaie de pardonner la femme que je suis devenue, celle que j'étais.

Celle-là qui, souvent, ne comprend pas comment on peut l'aimer.

 

Ressources disponibles
Ligne sans frais pour les victimes d'agression sexuelle
- Partout au Québec : 1 888 933-9007
- Région de Montréal : 514 933-9007
- Tel-jeunes : 1 800-263-2266

Liste de ressources pour les victimes d’agressions sexuelles
Liste des organismes communautaires d'aide aux personnes victimes d'agression sexuelle
Centre pour les victimes d’agression sexuelle de Montréal 
Regroupement québécois des C.A.L.A.C.S 
Victimes d’agressions sexuelles au masculin
Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale
Fédération des maisons d’hébergement pour femmes
Aimer sans violence 

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