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Balado • Moonface/ 왕따, comment faire son coming out sans les mots pour le dire?

15 avril 2021
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Moonface/ 왕따 est le premier balado créé par James Kim, et dont le design sonore est réalisé par Artin Aroutounians. On y suit Paul Moon (Joel Kim Booster), immigrant sud-coréen de première génération qui grandit à Downey, en banlieue de Los Angeles avec sa mère monoparentale, Gina Mi-sook Kim (Esther Moon Wu). Homme homosexuel affirmé auprès de toutes les personnes qui l’entourent, Paul n’a toutefois pas fait son coming out à sa mère, dont il ne parle plus la langue. Moonface/ 왕따 est l’histoire touchante d’une mère et de son fils qui cherchent les mots pour se comprendre. Puis celle de Paul, qui navigue entre son identité coréenne-américaine, ses aspirations et son attachement trouble à Downey, lieu qui l’a vu grandir. En créant un balado inspiré de sa vie, James Kim, un habitué de Hollywood, cherchait à augmenter l’offre encore trop mince de représentation des personnes queer, asiatiques-américaines et immigrantes au sein de la culture populaire. Pour lui, le balado est un outil et un espace dédiés pour raconter des histoires qui ne le sont pas autrement. 

Pour celles et ceux qui, comme moi, n’ont jamais écouté de balado du genre auparavant : je ne peux que le recommander. La force de l’histoire, du jeu des acteurs et actrices, et la réalisation sonore impeccable auront vite fait de vous emporter. Expérience sonore intime, Moonface/ 왕따 révèle les sons et les bruits du quotidien, aussi banals soient-ils, dans toute leur charge affective (à écouter dans des écouteurs, absolument) : jouissances, soupirs, bruits de pas, de vent, ou encore moments de silence tendu entre personnes. Tout y est, si bien que j’ai parfois dû enlever mes écouteurs pour retrouver un contact avec le réel. 

Dans les six épisodes dont est constitué Moonface/ 왕따 – et dont il ne faut rien divulgâcher –,  on assiste à la quête intérieure de Paul, qui hésite à faire son coming out à sa mère, lui qui n’a littéralement pas les mots pour le faire. C’est là le cœur du problème, et une des questions que pose le balado : est-il possible pour Paul et sa mère de se comprendre et de se reconnaître sans se révéler? Car Moonface/ 왕따 est aussi une ode à la langue en tant que courroie de transmission culturelle. L’auditoire se voit ainsi soumis à des dialogues entremêlés de coréen qu’il faut déchiffrer, à défaut de le comprendre. Le dénouement, quoiqu’un peu cliché, est touchant et sincère. Moonface/ 왕따 est définitivement une construction sonore savante, et son récit entremêlant des enjeux de classe sociale, de race, de sexualité, d’urbanisation et de migration mérite définitivement une écoute attentive et se fait ainsi le parfait compagnon de longues marches printanières qui s’imposent.

N.B. : Le podcast Moonface/ 왕따 est offert en anglais/coréen seulement.

Référence 

Réalisation : James Kim 
Titre : Moonface 
Date de parution : 9 octobre 2019
Plateformes disponibles [➦] Apple podcastSpotifyStitcher, Podtail 

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