Une histoire sociale de la prostitution (surface du livre) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Essai • Une histoire sociale de la prostitution : Montréal, 1800-1850

18 juin 2021
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Une histoire sociale de la prostitution est un essai faisant l’état des lieux du travail du sexe à Montréal pendant la première partie du XIXe siècle. Mary Anne Poutanen, autrice et historienne, se base sur des archives judiciaires¹ pour décortiquer le vécu des femmes ayant pratiqué le travail du sexe durant cette période. Dans la première partie de l’essai, l’autrice s’intéresse à qui elles étaient et où elles travaillaient, tandis que dans la deuxième partie, elle se penche sur les lois, les coutumes et comment le travail du sexe était régulé à l’époque.

Tout au long du livre, Poutanen déboulonne certains mythes et idées reçues sur le travail du sexe. Par exemple, l’aspect économique est généralement le principal argument pour expliquer que certaines femmes s’y soient tournées comme moyen de subsistance. La réalité aurait été cependant beaucoup plus complexe et nuancée. Poutanen avance qu’il y avait une multitude de raisons pour le travail du sexe. Pour certaines, cela faisait partie de leur « répertoire de stratégies de subsistance » (p. 394), pour d’autres, c’était un moyen d’être « socialement, économiquement et sexuellement indépendantes » (p. 395). Certaines en faisaient une carrière, mais la majorité le faisait sur de courtes périodes. Poutanen met ainsi de l’avant l’agentivité des femmes ayant eu recours au travail du sexe.

Poutanen mentionne aussi à plusieurs reprises que, pendant longtemps, les historien.ne.s ne s’intéressaient pas à l’histoire des tribunaux inférieurs ou du peuple, et qu’en conséquence, nous en savons très peu sur les « gens ordinaires ». Ainsi, plusieurs raccourcis ont été faits pour expliquer certains phénomènes, dont le travail du sexe.

Poutanen relève d’elle-même, dans sa postface pour l’édition française, que si c’était à refaire,  elle utiliserait les termes « travail du sexe » et « travailleuses du sexe » plutôt que « prostitution » et « prostituées ». Bien que son choix initial provenait de la volonté de faire preuve d’exactitude historique, elle relève que la tendance chez les historien.ne.s est plutôt d’utiliser les termes contemporains pour ne pas perpétuer certains stéréotypes.

Une excellente lecture, parfois rendue un peu ardue par la grande quantité de noms et d’anecdotes, mais qui aide tout de même à mieux comprendre notre contexte actuel en ce qui concerne les lois et la répression entourant le travail du sexe et les multiples facettes de celui-ci.

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¹ Les archives étant les seules traces disponibles, elles sont tout de même une source riche en informations permettent de comprendre la complexité des relations interpersonelles de l’époque et le caractère agentif des femmes ayant vécu, partiellement ou totalement, du travail du sexe.

Référence

Autrice : Mary Anne Poutanen
Titre : Une histoire sociale de la prostitution : Montréal, 1800-1850
Date de parution : 2021
Maison d’édition : les éditions du remue-ménage

Ce livre est disponible en version papier et en version numérique à la Grande bibliothèque (BAnQ). Il est également possible de se le procurer en librairie au coût de 39,95 $.

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