L’addiction ou la dépendance sexuelle sont des concepts controversés. Ne figurant pas dans le DSM-V, la principale difficulté qui les entoure vient du fait de savoir quelle est la limite entre une sexualité dite « normale » et un comportement addictif. D’autre part, la communauté scientifique est divisée sur les termes à employer entre ce qui relève des troubles sexuels, des paraphilies et des conduites addictives. Ainsi Mac Dougall évoque la notion de « néosexualité », Orford décrit l’« hypersexualité » et Coleman préfère parler de « comportement sexuel compulsif ». Certain.e.s vont même jusqu’à remettre en question l’idée que la compulsivité sexuelle soit une addiction. D’après des études internationales, l’addiction sexuelle concernerait de 3 à 13 % de la population générale. Les données montrent une occurrence plus élevée chez les hommes, ainsi qu’une émergence du trouble vers la fin de l’adolescence et au début de l’âge adulte. Il est à noter que le terme est connu depuis longtemps, mais a été nommé différemment à travers le temps et les époques. On pensera notamment au messalinisme, à la nymphomanie, au satyriasisme, au don juanisme, à la perversion sexuelle ou plus récemment au comportement sexuel compulsif, à l’hypersexualité ou encore à l’addiction sexuelle. C’est dans ce contexte qu’il faut faire attention aux termes employés qui ne renvoient pas nécessairement à une réalité médicale, mais plutôt à un contexte social spécifique et donc à des réalités socialement et historiquement situées. Par exemple, la nymphomanie et sa pathologisation permettait un contrôle de la sexualité des femmes en montrant, croyait-on, en quoi le désir féminin était un danger pour la société. L’addiction sexuelle peut donc potentiellement être la source de représentations genrées et fortement empreinte de sexisme. Si elle peut être source de souffrance pour certaines personnes, elle est régulièrement utilisée pour des causes militantes, notamment antiféministes, pour discréditer tout ce qui pourrait avoir rapport avec la sexualité.
Recension • Addiction et compulsivité sexuelle
27 octobre 2021
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