Tel que rapporté par Le Devoir, la traduction française de l’ouvrage Noopiming. Remède pour guérir de la blancheur a eu recours au pronom non genré « iel » pour traduire le pronom non binaire singulier « they » déjà employé dans la version anglaise. Leanne Betasamosake Simpson, l’autrice de l'œuvre originale, s’est entretenue avec Le Devoir et revient sur la culture anishinabe qui ne se limite pas à deux genres cloisonnés. 

Les membres de la communauté peuvent avoir une identité « bispirituelle » (two spiritedness en anglais et niizh manidoowag en anishinaabemowin), qui fait référence à l’identité de genre, au rôle pris dans la communauté ainsi que la tenue traditionnelle. De plus, si la langue française donne une place considérable aux pronoms féminins et masculins, et accorde selon ces derniers, ce n’est pas le cas de la langue anishinaabemowin qui s’accorde davantage selon le caractère « animé » (humains, animaux, arbres, etc.) ou « inanimé » (boîte, seau, valise, etc.) des entités.

Arianne Des Rochers, traductrice du livre, a souhaité inscrire la traduction dans la continuité de l’ouvrage original et rendre hommage à la langue de l’autrice, l’anishinaabemowin, dans laquelle il n’y a pas d’usage de pronoms ou de restriction de genre. Selon elle, rendre compte de cette réalité au travers de la langue française n’a pas été une tâche facile, le français standard actuel n’a pas forcément les ressources pour refléter cette réalité. Il était important pour elle de ne pas assigner de genre aux personnages et de permettre à différents groupes, notamment les groupes queer, de s’identifier aux différents personnages, en employant le pronom « iel » et l’écriture inclusive.

Référence
https://www.ledevoir.com/lire/649374/litterature-un-iel-vieux-comme-les-cultures-autochtones