Grève des stages, grève des femmes (surface du livre) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Essai • Grève des stages, grève des femmes

17 décembre 2021
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Grève des stages, grève des femmes est une anthologie de la période 2016-2019 de la lutte pour la rémunération des stages. Le livre rassemble de courts textes politiquement engageants, rédigés et publiés pendant cette période dans une optique d’alimenter les arguments en faveur de la rémunération de tous les stages. Ce mouvement de grève provenait de groupes autonomes, non affiliés à des universités ou des cégeps, dans une perspective de décentralisation des revendications. Ce mouvement était également ancré dans une perspective féministe décriant le fort déséquilibre entre les stages des milieux traditionnellement masculins et ceux traditionnellement féminins. En effet, les derniers sont rarement rémunérés alors que les premiers le sont généralement : « Contre l’idée répandue selon laquelle les stages ne sont pas payés parce qu’ils constituent une formation personnelle, nous affirmons que c’est plutôt en raison de la division sexuelle du travail, qui repose sur la séparation entre le travail dit “productif” et celui dit “reproductif”. [...] Nul doute que les stages non rémunérés ont surtout en commun de correspondre à des domaines de travail associés aux soins et à l’entretien des êtres humains, réalisés historiquement par une majorité de femmes. Le stage sans salaire représente alors un entraînement capitaliste à l’exploitation totale du temps des femmes. » (p. 72) 

L’un des arguments marquants du livre est le fait que les domaines d’études exigeant des stages non rémunérés sont surtout composés de femmes avec une forte proportion de personnes racisées ou migrantes, de personnes faisant un retour aux études et/ou ayant une famille. De plus, les personnes aux études œuvrant dans l’industrie du sexe composent 30 % de la clientèle de Stella (organisme par et pour les travailleuses et travailleurs du sexe, p. 374).

Il est cependant dommage que le titre de l’ouvrage (et le mouvement lui-même) ait choisi de parler d’une grève des femmes, laissant sous-entendre que les personnes trans et/ou non binaires ne faisaient pas partie du mouvement. Cette invisibilisation est d'ailleurs une des critiques du mouvement. Il faut cependant noter que « les questions de transition et de performance de genre ont été théorisées comme un travail de reproduction et se sont inscrites dans le mouvement de grève des femmes dans d’autres contextes » (p. 304). Bref, l’ouvrage et le mouvement auraient eu intérêt à utiliser une dénomination plus inclusive afin d’éviter cette invisibilisation du travail des personnes trans et/ou non binaires.

Ceci étant dit, ce livre démontre habilement les liens entre différents mouvements revendicateurs tels que le salaire pour un travail ménage, la reconnaissance du travail du sexe comme un travail à part entière, les droits des personnes LGBTQ+, les parents-étudiant.e.s ainsi que le salaire étudiant. C’est une lecture indispensable pour bien comprendre comment plusieurs luttes peuvent se rejoindre et à quel point la solidarité entre ces luttes est nécessaire.

Que vous ayez suivi ce mouvement de grève de loin ou que vous avez été impliqué.e au sein de celui-ci, Grève des stage, grève des femmes fait avec brio le tour des revendications du mouvement et vaut vraiment la peine d’être lu afin d’être sensibilisé.e aux luttes féministes dans le contexte étudiant.

Référence

Auteur.e : Collectif
Titre : Grève des stages, grève des femmes
Date de parution : 8 novembre 2021
Maison d’édition : Remue-ménage

Il est possible de se procurer ce livre en librairie au coût de 29,95 $.

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