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Témoignage • Pourquoi je ne me suis pas mariée

9 décembre 2016
Ophélie du lac
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de l'organisme.

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Mes parents sont divorcés, comme la plupart des parents des jeunes de ma génération. Je me rappellerai toujours ce que mon père m'avait dit, à travers son discours postdivorce, avec plus d'une bière dans le nez, alors que j'avais tout juste 14 ans :

« Pour qu'un couple fonctionne, il y a trois choses sur lesquelles les deux personnes doivent s'entendre : l'argent, l'éducation des enfants... et le sexe. »

Ce discours, un peu moralisateur et venant d'un homme qui avait aimé profondément ma mère, eut l'effet d'une brique dans ma conscience. Je sus plus tard que le sexe était bel et bien ce qui n'avait pas fonctionné entre mes parents. Pourtant, rarement le sujet de la sexualité ou de la « compatibilité » sexuelle est abordé dans les « préparations au mariage » (qui, selon moi, est encore un concept arriéré).

Bref, 15 ans plus tard, je me trouve confrontée moi-même à la réalité du mariage. Mon chum du moment me demande en mariage et puis j'accepte, convaincue que c'est avec LUI que je vais passer ma vie et partager (pour le meilleur et surtout, pour le pire) tout ce qui nous reste de temps à vivre.

Le sexe était alors avec lui... hum... je le qualifierais de « bien et satisfaisant » tant en qualité qu'en quantité. Nos limites n'étaient pas les mêmes, nous n'aimions pas les mêmes choses, j'étais satisfaite la plupart du temps, mais il me manquait un petit quelque chose que je ne pouvais alors définir à cette époque.

Peu de temps après la grande demande, deux évènements importants vinrent chambouler mon existence et changèrent probablement ma vision de la vie et du mariage, ainsi que mes priorités. À 5 mois d'intervalle, mes deux grands-parents, deux personnes de qui j'étais très proche, sont décédés. Je me suis alors sentie étrangement seule, vide.

La présence de mon futur mari n'était pas assez. Je souffrais trop. Et dans les moments où je devais rester calme et ne pas pleurer... (les membres de ma famille étant sur le bord de la dépression nerveuse) je ne pensais qu'à une chose : faire l'amour. Je voulais me libérer, exulter, lâcher la pression. Toutefois, mon chum n'était pas tellement réceptif de ce côté. Et pour moi, pas question de le tromper.

C'était difficile de lui expliquer (ou même de m’expliquer à moi-même) pourquoi j'avais autant besoin à ce moment-là de sexe. Et là, je réalisais que j'avais gardé ma libido enfouie dans mes entrailles. Que je refoulais en moi depuis un moment déjà le fait que j'aimais ça... et lui moins. En fait, depuis le début de la relation, je me retenais pour lui.

Au nom de ma loyauté et de ma fidélité à cet homme, je m'étais mise de côté, sexuellement parlant.

Et ce sont des évènements tristes qui me l'ont rappelé.

Le temps passa, ma peine passa aussi, mais ma libido ne voulait pas se ranger, se stabiliser. J'avais toujours plus envie que lui et lui ignorait ou diminuait ce besoin, comme si ce n'était rien et comme si j'allais l'aimer peu importe ce qui allait arriver. Finalement, arriva ce qui devait arriver. Je décidai, après plusieurs mois de réflexions et de questionnements, de le quitter. Mon besoin avait eu raison de l'amour, ou plutôt, son insensibilité à mon besoin viscéral avait eu raison de mon amour pour lui. Cela a pris un an avant que n'admette que j’étais foncièrement différente et que je ne pouvais vivre le reste de mes jours avec quelqu'un qui ne comprenait pas cela. Aujourd'hui, je peux dire avec certitude que j'ai pris la meilleure décision... Oui, le sexe est important, souvent plus important que l'on pense. Ce n'est pas juste un plaisir éphémère, mais parfois une façon de communiquer ou de réparer des trucs brisés en nous, des douleurs si grandes qu'elles ne peuvent être mises de côté, comme un incendie qui avale une forêt et qui nous empêche de continuer à vivre.

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