Le Monde rapporte que depuis une dizaine d’années, le nombre de bébés de moins d’un an qui décèdent en France a augmenté à un rythme de 0.04 mort pour 1000 naissances vivantes. Une étude publiée en mars dernier dans la revue scientifique The Lancet a révélé que le taux de mortalité infantile, qui avait baissé rapidement jusqu’en 2005 pour ensuite ralentir dans les années suivantes, s’est mis à augmenter à partir de 2012. Près de la moitié des décès surviennent pendant la première semaine de vie, tandis que les autres se produisent le premier mois (20,8 %) ou pendant la période suivant le premier mois jusqu’à la première année (31,8 %).
Les causes exactes de cette augmentation des décès ne sont toujours pas déterminées, puisque la récolte et la structuration des données actuelles ne permettent pas d’obtenir un suivi quotidien de cette hausse. L’équipe scientifique qui a travaillé sur l’étude n’a pas pu avoir accès aux caractéristiques des naissances, donc aucune donnée sur l’âge gestationnel ou le poids des nouvel.le.s-né.e.s n’a pu être récoltée. L’étude évoque ainsi des hypothèses, dont plusieurs ont déjà été évoquées dans le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Ce rapport mentionne que la hausse pourrait être en lien avec plusieurs facteurs dont l'augmentation de l'âge des personnes enceintes, ou encore le fait qu'il y ait parmi elles davantage de personnes en surpoids, obèses ou fumeuses.
La réalité est cependant plus complexe et ne peut s’expliquer uniquement par l’état de santé des personnes qui donnent naissance. Les causes possibles sont nombreuses : le risque de mortalité est plus élevé de 3,6 % parmi les naissances multiples que parmi les naissances uniques et le nombre d’enfants prématurés a augmenté, sans qu’une prise en charge adéquate n’ait pu être réalisée à temps. On note aussi un affaiblissement du réseau de proximité constitué par les services de protection maternelle et infantile (PMI), la faiblesse de la politique de prévention et la dégradation globale du circuit de soins. Pour le pédiatre et épidémiologiste Martin Chalumeau, la situation est critique : « En face de ce constat alarmant, il y a un silence assourdissant en matière de priorisation de l’effort de soin et de l’effort de recherche. Il y a un éléphant dans la pièce et personne ne veut le voir. »
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