Heartstopper (affiche de la série) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Série • Heartstopper

14 septembre 2022
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Rapidement après sa sortie, Heartstopper était sur toutes les lèvres. Sortie le 22 avril dernier, cette série de type coming of age¹ se déroule en 2010. Charlie Spring (Joe Locke) est un jeune élève à Truham Grammar School, une école non mixte pour garçons en Angleterre. Victime d’intimidation suite au outing de son orientation sexuelle, il espère que la nouvelle année scolaire sera plus agréable. Lorsqu’il est jumelé dans un de ses cours avec Nick Nelson (Kit Connor), un joueur de rugby populaire avec qui il développe rapidement un lien d’amitié (et un fort béguin), il devient plus optimiste. Autour de leur romance, on suit également l’histoire de ses bon.ne.s ami.e.s Tao Xu (William Gao), Elle Argent (Yasmin Finney) et Isaac Henderson (Tobie Donovan) qui ont peur de voir cette histoire d’amour mal se terminer. 

La série a été écrite par l’autrice britannique Alice Oseman à partir des comics éponymes, qu’elle a commencé à publier en septembre 2016 sur Tumblr. En tant que personne aromantique et asexuelle, Alice a tiré son inspiration de sa propre vie. Après avoir racheté les droits d’auteur, Netflix confie la réalisation à Euros Lyn (Doctor Who, Sherlock, His Dark Materials). En seulement deux jours, l’émission se hisse au top 10 de la plateforme et reçoit une réponse très positive de la critique, dont un « Certified Fresh » 100 % par le site web Rotten Tomatoes.

Sans être un scénario qui réinvente le genre, c’est le ton optimiste et léger de la série qui fait son charme. Cette insouciance est renforcée par l’ajout d’effets en postproduction qui reprennent les codes de la bande dessinée : feuilles au vent, pluie, papillons et chocs électriques sont dessinés sur l’image afin de faire ressentir l’état intérieur des personnages. Loin du trauma dumping², on aborde ici les relations et les identités LGBTQ+ sans cliché et sans défaitisme. À plusieurs reprises, alors qu’on a l’habitude comme téléspectorat de s’attendre au pire, on est agréablement surpris.e du courage et de l’empathie des personnages. 

Un autre atout de la série est sa capacité à nous replonger dans nos premières amours adolescentes, grâce à une trame sonore mélancolique qui nous fait renouer avec le désir de courir sous la pluie pour embrasser son crush, ou encore la fébrilité de ré-écrire pour une douzième fois le même texto avant de l’envoyer. Mais c’est surtout par son réalisme que la série se distingue. Contrairement aux autres séries adolescentes (pensons notamment à Euphoria ou Skins), les personnages ne semblent pas toujours être sur le party. Ils et elles font des choses banales, mais tout aussi divertissantes, comme jouer aux quilles, aller au cinéma ou faire du sport. Soulignons au passage le travail nuancé de l’autrice pour ne pas réduire les personnages LGBTQ+ à leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. 

En somme, c’est une série feel good que l’on souhaiterait avoir vu lorsqu’on était plus jeune. Son seul défaut : les huit épisodes se dévorent trop rapidement, mais heureusement, deux nouvelles saisons ont été confirmées. Espérons qu’Heartstopper pourra continuer à revisiter le drame adolescent avec la même délicatesse et vérité qui ont créé son engouement.

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¹Le genre littéraire et cinématographique coming of age raconte la transition d’un ou de plusieurs personnages de l’enfance ou l’adolescence à l’âge adulte.

²On parle de trauma dumping quand une série décharge de manière inattendue et sans préparation des sentiments et des expériences traumatisantes sur l’auditoire.

Référence 
Auteur.e : Alice Oseman
Réalisation : Euros Lyn
Titre : Heartstopper
Date de parution : Avril 2022

Cette série est disponible sur Netflix

coming of age, LGBTQ+, adolescence, intimidation, romance, secondaire, série télé