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Dossier • Les mutilations génitales féminines : comprendre pour agir

6 février 2023
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Les mutilations génitales féminines (MGF)1 sont habituellement définies par l’ablation partielle ou totale des organes génitaux dits féminins externes pour des raisons non médicales (OMS, 2022). Il existe plusieurs types et sous-types de MGF qui sont pratiqués pour diverses raisons culturelles et sociales (OMS, 2022), et ce, sur l’ensemble des continents excepté l’Antarctique (EqualityNow, 2021).

Les MGF n’ont aucun bienfait sur la santé, et entraînent plutôt plusieurs conséquences négatives graves et parfois mortelles sur la santé physique et la santé mentale (OMS, 2022; O'Neill, S. et Pallitto, 2021). En 2018, Les 3 sex* avait notamment publié une chronique abordant les conséquences des MGF.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2022) estime qu’environ 200 millions de femmes2 vivent avec les conséquences liées au fait d’avoir eu une MGF. De plus, 68 millions de filles supplémentaires sont à risque d’avoir une MGF d’ici 2030 (End FGM European Network, s.d.), et ce, malgré l’objectif de développement durable (ODD) 5.3 visant l’élimination de cette pratique d’ici 2030 (ONU, s.d.a). En tenant uniquement compte des 27 pays où les MGF sont pratiquées à plus forte prévalence, on estime les coûts associés aux complications des MGF à 1,4 milliard de dollars US par année (OMS, 2022).

Les MGF sont considérées comme une atteinte aux droits des enfants, des filles et des femmes (droit à la vie, droit à la santé, droit à la sécurité et à l'intégrité physique, droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants; OMS, 2022). En 2012, afin d’intensifier les actions visant l’abolition des MGF, le 6 février a été déclaré la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF (ONU, s.d.b).

Afin de souligner cette journée, Les 3 sex* a recensé des évènements, des outils, des ressources, des projets, des campagnes et des produits culturels d’ici pour mieux comprendre les MGF et les enjeux qui y sont liés spécifiquement dans le contexte canadien. Il est possible de consulter cette recension ci-dessous.

De plus, dans le but de mieux situer les impacts des MGF sur la santé sexuelle et sur les droits sexuels des personnes touchées, nous vous invitons à lire la nouvelle chronique à ce sujet.

Lire la chronique
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Évènements auxquels assister en l’honneur de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF 2024
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Projets de recherche canadiens en cours
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Campagnes de sensibilisation, initiatives ou projets de plaidoyer en cours en Amérique du Nord
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Ressources québécoises ou canadiennes pour les personnes ayant eu une MGF
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Ressources ou outils pour les professionnel.le.s œuvrant auprès de personnes ayant eu une MGF
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Produits culturels canadiens pour se familiariser avec les MGF
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Évènements virtuels auxquels assister en l’honneur de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des MGF 2023
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Notes

1À l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus par rapport au terme à préconiser en français pour désigner cette pratique (Perron et Senikas, 2016). Jusqu’à tout récemment, le terme préconisé par l’OMS était « mutilation génitale féminine ». Depuis 2022, l’OMS utilise toutefois le terme « mutilations sexuelles féminines », peut-être dû au fait que le terme « mutilation génitale » se trouve de plus en plus utilisé dans le milieu communautaire et activiste pour désigner un type de violence obstétricale et gynécologique (p. ex. épisiotomie non consentie) ou encore les interventions chirurgicales réalisées sur des patient.e.s pédiatriques intersexes. Cette similarité entre les termes, ou l’utilisation des mêmes termes pour désigner des réalités différentes, peut poser de nombreux problèmes, comme lorsqu’un projet de loi états-unien assimilait MGF et soins de santé pour les personnes trans (Cariboni et Bauer, 2022).

Les termes « mutilation génitale féminine » et « mutilations sexuelles féminines », par la présence du mot « mutilation », ont « l’avantage » de mettre de l’avant la gravité de cette pratique (Perron et Senikas, 2016). Néanmoins, ces deux termes peuvent être considérés comme problématiques, car ils peuvent laisser entrevoir une connotation stigmatisante et moralisatrice (Perron et Senikas, 2016).

Le terme « circoncision féminine », fréquemment utilisé en recherche et dans plusieurs communautés, est aussi critiqué vu le parallèle inadéquat fait avec la circoncision « masculine » (ablation partielle ou totale du prépuce du pénis).

De plus, l’ajout du mot « féminine » aux différents termes d’usage pose parfois problème considérant que certaines personnes ayant eu une MGF ne s’identifient pas comme femme.

Enfin, le terme « excision » utilisé pour décrire l’ensemble des MGF apparaît aussi problématique considérant qu’il désigne plutôt un seul des quatre types de MGF possibles. Malgré tout, c’est le terme qu’utilise la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada selon sa plus récente directive datée de février 2020, qui recommande l'utilisation de l’expression « excision génitale féminine » (Perron et al., 2020).

Cela dit, étant donné que le terme « mutilation génitale féminine » semble encore être le plus répandu dans le langage courant et que la Journée internationale contre les MGF comporte explicitement ce terme, c’est ce dernier ainsi que son acronyme (MGF) qui est utilisé tout au long de ce dossier.

À noter qu’en anglais, plusieurs termes sont aussi possibles :

  • (Female) genital mutilation (FGM)
  • (Female) genital circumcision
  • (Female) genital cutting (FGC)
  • Excision
  • Des combinaisons : FGM/C (female genital mutilation, cutting or circumcision), FGC/M (female genital cutting, circumcision or mutilation)
  • etc.


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Bien que les personnes ayant eu une MGF ne s’identifient pas toutes comme femmes, c’est le terme qui est utilisé par l’OMS, l’ONU ainsi que la quasi-totalité des écrits scientifiques. Il est primordial de reconnaître que des personnes ayant des vulves et ayant eu une MGF peuvent avoir une identité de genre différente, néanmoins, dans le cadre de ce dossier, les termes « femmes » et « filles » sont utilisés.

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Références
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Pour citer ce texte:

Gareau, E. (2023, 6 février). Les mutilations génitales féminines : comprendre pour agir. Les 3 sex*. https://les3sex.com/fr/news/2496/dossier-les-mutilations-genitales-feminines-comprendre-pour-agir

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