Oksana Yushko documente les histoires d’amour entre personnes russes et ukrainiennes dans un projet photo intitulé Familia, rapporte Le Monde. Yushko débuta ce projet en 2014, année de l’annexion de la Crimée et du début de la guerre dans le Donbass. Son souhait était simple, elle voulait faire « baisser l’agressivité entre des gens qui n’étaient pas directement impliqués dans le conflit, parler d’humanité, de notre passé commun et de notre futur possible. » Depuis, elle se fait un devoir de capturer ces histoires qui questionnent les traumatismes intimes, les mémoires et les conflits armés.
En février 2022, quand la Russie envahit l’Ukraine, le projet de Yushko prit un nouveau sens. L’histoire de ces sujets se transforme et raconte maintenant les choix déchirants qu’impose la guerre. Pour ces couples, la préservation de l’amour et de la famille est maintenant synonyme d’exil. Conséquemment, l’artiste photographie des couples réfugiés partout en Europe.
Oksana a grandi en Ukraine et s’est installée en Russie il y a 25 ans. Une fois installée, elle a dû abandonner sa nationalité ukrainienne pour devenir Russe. Avec son partenaire Arthur, elle forme maintenant un de ces couples ukraino-russes – tout comme ces parents d’ailleurs – qu’elle photographie pour le premier portrait de sa série. « Avec ma mère russe et mon père ukrainien, ces deux identités qui coulent dans mon sang, des ami[.e.]s de part et d’autre, je sens dans ma chair la ligne de front, elle traverse mon corps. Avant, la frontière entre mes deux pays, on l’appelait la ligne de contact. Je voudrais qu’elle le soit encore. » confit-elle.
Les travaux d’Oksana Yushko furent distingués aux Rencontres de la photographie d’Arles et aux Rencontres du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondant.e.s de guerre.
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