La violence conjugale est un fléau structurel présent à travers l’ensemble du globe. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la violence conjugale peut se définir comme « Tout comportement au sein d’une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes qui sont parties à cette relation »1. L’attention médiatique est souvent dirigée vers les violences physiques et les féminicides, les deux étant liés dans une écrasante majorité des cas. Ainsi, en moyenne et par an, les services de police du Québec enregistrent 20 000 infractions commises en contexte de violence conjugale et dont 80 % des victimes sont des femmes. De plus, 14 femmes ont été assassinées par leur conjoint au Québec en 2022 et 160 en 2020 au Canada. Bien que, selon la sociologue Myrna Dawson, les statistiques et les études manquent cruellement pour prendre la mesure exacte de ces crimes, qu’en est-il des violences plus insidieuses? Comme le rappelle une page du site internet du gouvernement du Québec, il peut y avoir de la violence conjugale sans coups ni blessures physiques et celle-ci peut prendre plusieurs formes : psychologique, verbale, économique, physique, sexuelle. Elle peut également se manifester sous plus d’une forme à la fois. Cette violence peut en outre être présente au sein de toutes les formes d’intimité, survenir à n’importe quel âge et se poursuivre une fois la relation terminée. Si des outils comme le violentomètre existent et permettent d’aider à prendre conscience d’une situation anormale, certaines formes de violence sont plus difficiles à repérer et, par conséquent, à prendre en charge. Comprendre les violences conjugales insidieuses revient donc à penser plus largement la violence et son intrication avec, entre autres choses, des logiques économiques, de genre et d’orientation intime. Cette recension scientifique s’intéressera donc à ces formes invisibles de violence conjugale dans une perspective intersectionnelle.
1 La question des violences est complexe. Violences conjugales, domestiques ou encore intimes, tous ces termes recoupent des réalités différentes, qui parfois se croisent et parfois s’opposent. Nous avons fait le choix de conserver les termes de “violences conjugales” pour nous concentrer sur les violences entre partenaires intimes mais nous traiterons des autres dimensions de ces violences dans de prochaines recensions.
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