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Monia Chokri est réalisatrice, scénariste et comédienne. Magalie Lépine-Blondeau est comédienne et animatrice. Elles ont gracieusement accepté d’échanger avec Les 3 sex* au sujet de Simple comme Sylvain.

Sophia, une professeure de philosophie de 40 ans, se tient immobile dans le confort de sa relation amoureuse sclérosée. Du latin classique desiderare, le désir renverrait à l’idée de manque, au fait de regretter l’absence. Mais le film révèle qu’il s’agit aussi d’une question de mouvement. Quand Sophia s’éprend de Sylvain, un entrepreneur avec qui elle a très peu en commun si ce n’est que leur passion fulgurante l’un.e pour l’autre, tout en elle éclate d’exaltation. 

Dans son troisième film Simple comme Sylvain, Monia Chokri aborde la complexité du désir, de l’amour et de l’heureux chaos dans lequel ils nous plongent. En entrevue avec Les 3 sex*, elle exprime la volonté d’amener plus de justesse dans le regard qu'on porte sur les femmes à l’écran. « J'avais envie dans le film d'explorer le désir d'une femme qui a 40 ans et qui comme n'importe quel homme se bat avec sa vie cérébrale, ses envies, ses désirs qui peuvent être en dichotomie avec ses propres valeurs. » Lorsque Sophia pose son regard sur Sylvain, elle est prise de l’envie irrépressible de s’en rapprocher – une pulsion de vie qui l’amène à redécouvrir sa sexualité. La voilà métamorphosée, mais aussi déchirée par son attirance incontrôlable pour ce symbole de virilité qu’est Sylvain, figure dissonante avec ce qu’elle croyait désirer. Chokri ne joue cependant pas que sur les clichés de genre – elle réussit à peindre une caricature drôle et ironique de la bourgeoisie, même si la représentation de la classe populaire flirte par moments avec certains lieux communs.

Ce qui est nouveau et ingénieux dans Simple comme Sylvain est le jeu habile de Chokri avec l’idée de la femme désirante comme étant douce, prudente et soumise. Nous rencontrons plutôt une Sophia qui cesse de résister à ses envies, dans toutes ses contradictions et ses élans d’animalité. Dans les mots de Magalie Lépine-Blondeau : « [Sophia], c’est une femme de son temps. Tout à coup, elle rencontre Sylvain qui sollicite une autre part d'elle. […] Elle se réfugie dans des codes qu'on pourrait qualifier de plus traditionnels. Le personnage fait un peu le trajet inverse de ce qu'on voit habituellement. » Chokri nous invite à nous questionner sur les nouveaux préceptes sociaux qui dictent ce qu'est une sexualité soi-disant libérée. Car Sophia ne satisfait pas seulement ses envies – elle se vit enfin pleinement au travers de la liberté qu’elle se donne d’aimer sans jugement. Avec son ton comique, rafraîchissant et cinglant, Simple comme Sylvain nous offre une vision du désir contemporaine et sans complexe.

Référence 

Réalisation/création : Monia Chokri
Titre : Simple comme Sylvain
Date de parution : 22 septembre 2023

Ce film est disponible sur Crave.