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Sénégal : le tabou des violences sexuelles à l’école

22 octobre 2018
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D’après de nombreuses études d’universités, de Human Rights Watch, d’ONG et d’agences des Nations unies, au Sénégal, l’exploitation, le harcèlement et l’abus sexuels sont monnaie courante dans les écoles et ce grave phénomène va en grandissant. Si vous pensiez que les étudiants étaient à la source de ce problème, détrompez-vous : ce sont les enseignants qui abusent de leur pouvoir et de leur autorité, utilisant fréquemment le chantage pour obtenir des faveurs sexuelles de leurs étudiantes. Par différents moyens, tels que l’invitation des jeunes filles à leur domicile ou le raccompagnement des ces dernières chez elles, les professeurs arrivent à se retrouver seuls avec les élèves pour les faire chanter sans attirer les soupçons. Parfois, ils leur proposent de l’argent, mais souvent, c’est la promesse de bonnes notes ou, au contraire, la menace d’être recalées qui sont utilisées pour manipuler les jeunes filles.

Bien que ces agissements aillent à l’encontre de l’éthique professionnelle et qu’ils soient punis par la loi lorsque la victime est âgée de moins de 16 ans, la peine pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, beaucoup d’enseignants s’en tirent sans représailles. En effet, de nombreuses étudiantes se résignent à subir ces violations pour ne pas se retrouver en situation d’échec scolaire. Par ailleurs, les victimes font silence sur leur situation pour ne pas causer de honte à leur famille. Les valeurs de la société sénégalaise sont encore très traditionnelles, guidées par la religion et la culture ancestrale, et les mariages précoces sont fréquents dans les familles pauvres. En dénonçant, les jeunes filles risqueraient d’humilier leur famille et ces mariages arrangés, pouvant être synonymes de survie, seraient menacés. Ainsi, elles se taisent et endurent ce que leur font les enseignants, sans compter les ITSS et les grossesses qui peuvent y être associées.

Les ressources juridiques et psychosociales pour les victimes manquent cruellement et le phénomène des abus est souvent minimisé, considéré comme des « relations » entre une étudiante et un professeur. Le gouvernement s’inquiète pour l’éducation des filles, mais une chercheuse d’humanité Rights Watch croit que cela passe d’abord par une intolérance totale des violences sexuelles en milieu scolaire et de mesures pour mettre fin au tabou qui les entoure.

Référence
http://www.rcinet.ca/fr/2018/10/19/scolarisation-jeunes-filles-senegalaises-harcelement-sexuel-rapport-human-wright-watch-coutumes-loi-du-silence-exploitation-sexuelle/ 

Source
Non applicable

Enseignants, étudiantes, harcèlement, violence sexuelle, loi du silence, victime, tabou, exploitation, abus sexuels, Sénégal

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