Wade et ses collaborateurs, collaboratrices, ont été les premiers et premières à introduire le terme « écart orgasmique » dans la littérature scientifique. Ils et elles avaient alors rapporté que sur les 800 étudiant.e.s interrogé.e.s, seulement 39 % des femmes¹ rapportaient avoir des orgasmes fréquemment, contre 91 % des hommes lors de relations sexuelles avec leurs partenaires conjugaux, conjugales. L’utilisation de ce terme s’est alors popularisée afin de faire référence au fait que les hommes ont la perception que les femmes expérimentent plus d’orgasmes qu’en réalité (85 % d’orgasmes féminins perçus par les hommes contre 64 % réellement expérimentés par les femmes). De nos jours, dans la littérature scientifique, le terme d’écart ou fossé orgasmique fait référence à la différence de fréquence d’expériences d’orgasmes entre les hommes et les femmes (Mahar et al., 2020). Une hypothèse biologique face à ce constat de disparité séduisait les adeptes de théories évolutionnistes. Cependant, les études ci-dessous invalident ces théories par le simple fait que les femmes expérimentent autant d’orgasmes que les hommes lors de pratiques masturbatoires (même rapidité à l’atteindre, même fréquence). De ce fait, les théories biologiques voulant montrer que les vulves ne sont pas designées pour avoir des orgasmes sont laissées au second plan (Mahar et al., 2020; Wetzel et al., 2022; 2023). Des recherches plus récentes, d'orientation sociologique, se sont penchées sur la contribution des scripts et des rôles sexuels pour expliquer l'écart orgasmique. Elles se sont interrogées sur la mesure dans laquelle les relations hétérosexuelles suivent des scripts phallocentrés plaçant le plaisir masculin au cœur des relations sexuelles (Andrejek et al., 2022; Wetzel et al., 2022; Willis et al., 2018). Une étude récente, incluant des personnes cis, trans et non binaires, a montré que les individus ajustent leurs comportements en fonction du genre de leurs partenaires et suivent des scénarios fortement genrés (Harvey et al., 2023). Bien que la déconstruction de divers aspects de leurs relations affectives soit observable chez les milléniaux et milléniales LGBTQ+, cette recherche souligne malgré tout l’enracinement des scripts et rôles de genres dans ces communautés. Ainsi, cette synthèse se penche sur diverses hypothèses visant à expliquer le fossé orgasmique.
***
¹ Il convient de noter que la présente recension expose des études pour lesquelles les informations relatives à la prise en compte des personnes cis et trans par les auteurs et autrices ne sont pas explicitement précisées.
Commentaires