Une étude réalisée par la chercheuse Isabelle Côté, de l’Université Laurentienne à Sudbury en Ontario, offre une perspective différente sur la réalité des programmes d’intervention adressés aux auteurs et autrices de violence domestique, en recueillant le point de vue des personnes ayant été victimes quant à l’efficacité des interventions auprès de leur partenaire, rapporte Le Devoir.
Les programmes d’intervention du Québec sont évalués, entre autres, par la présence de récidives, un indicateur jugé inadéquat selon la chercheuse. En effet, celles-ci nécessitent la dénonciation auprès des services policiers, ce qui n’est pas toujours le cas. De plus, le contrôle coercitif, ayant pour but de contrôler et dominer la personne, constitue de la violence conjugale mais peut s’opérer en l’absence de comportements considérés comme une infraction criminelle, telle que des coups de poings. Ainsi, l’absence de récidive apparente ne permet pas de conclure à la disparition des comportements violents.
L'engagement de leur conjoint.e au sein du programme ravivait beaucoup d’espoir chez les personnes victimes quant au futur de leur relation, constate la chercheuse. Cependant, pour la grande majorité d’entre elles, la complétion du programme par leur conjoint.e n’a pas eu l’effet escompté. En effet, plusieurs n’ont vu qu’une amélioration temporaire des agissements de leur partenaire et d’autres ont même constaté une amplification des comportements violents. Dre Côté souligne cependant l’importance de ces programmes, jugés bénéfiques par d’autres études internationales, tout en exhortant les victimes à maintenir leur vigilance à la suite de l’achèvement du programme.
La complétion de ces programmes est souvent utilisée dans le cadre de procédures judiciaires pour justifier l’obtention d’accès plus fréquents aux enfants, par exemple. À la lumière des résultats de l’étude, Isabelle Côté juge important que la personne violente soit soumise à une évaluation plus approfondie.
Référence
Des conjointes offrent leur point de vue sur les interventions auprès d’hommes violents
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