Oliver Quick (Barry Keoghan) est un étudiant réservé et solitaire de l’Université d’Oxford. Félix Catton (Jacob Elordi) est un jeune homme séduisant, riche et populaire. Rien ne les relie et pourtant, Oliver, fasciné par l’image érotique et la confiance que dégage Félix, va tout mettre en œuvre pour que leurs chemins se croisent. Une relation d’amitié évolue entre les deux hommes. C’est suite à une confidence d’Oliver sur sa vie familiale difficile que Félix, dans un élan d’empathie pour son ami, décide de l’inviter à passer l’été chez lui dans le manoir de la famille Catton de Saltburn. S'ensuivent des rencontres farfelues avec les membres de la famille de Félix et des soirées extravagantes; des costumes, des soirées thématiques, des centaines d’invit.e.és, des buffets, de la drogue et de l’alcool. 

Sexe, luxe et mensonges animent ce drame comique qui se déroule au début des années 2000. Saltburn est un récit ancré chez les ultra riches britanniques qui présente un jeu de séduction et de pouvoir intriguant. Oliver devient rapidement obsédé par Félix et sa vie raffinée. Il décide de s’infiltrer au sein même des rangs familiaux : il gagne la confiance des parents de Félix, séduit sa sœur et blackmail son demi-frère.

Emerald Fennell, bien connue pour son film nommé aux Oscars Une jeune femme pleine de promesses, réalise avec Saltburn un film plein d’envies et de désirs. « J’ai écris ce film parce que je voulais faire un film incroyablement sexy sur le désir et sur ce que le désir nous fait ressentir. » raconte-t-elle pour The Wrap.

Dans une narration d’Oliver un peu tordue, le spectatorat est projeté sur le siège du voyeurisme et assiste à plusieurs scènes où le corps masculin est érotisé et où l’ampleur du désir d’Oliver motive méchancetés, mensonges et manipulations. Il a tellement envie d’appartenir à Félix, d’avoir sa vie et de consumer son amour pour son ami, qu’il est prêt à tout pour arriver à ses fins. La réalisatrice met en scène de nombreuses séquences avec des rapports sexuels, des moments de mastubration ou de sexe oral et beaucoup de voyeurisme de la part d’Oliver qui espionne sans cesse Félix Catton.

Le public ne doit pas avoir peur du vulgaire en écoutant cette œuvre, comme le mentionne la réalisatrice dans une entrevue pour The Wrap : « Je pense que ce qui est un peu troublant, c’est que nous ne sommes pas habitué.e.s de nous faire présenter des choses sexy qui nous mettent mal à l’aise et donc les gens ont tendance à dire : Oh c’est dégoûtant ou C’est provocateur. »

Barry Keoghan interprète magnifiquement bien un personnage restreignant son amour. Le film propose une théorie meurtrière sur ce qui se passe chez un humain lorsque ce dernier ne peut pas assouvir ses désirs. 

La mise en scène est une véritable caricature assumée de la débauche des riches. Quoique le revirement de situation est un brin décevant et attendu, le film est visuellement intéressant avec ses images colorées et ses plans mettant de l’avant labyrinthes et jardins du manoir. La trame sonore est plaisante, accrocheuse, et le scénario est bien construit, invitant et intriguant. L’esprit de vengeance sociale se mélange à la luxure et offre une place importante à la sexualité. 

Un film où les envies sexuelles ne sont pas tabous et où la bisexualité est mise de l’avant.

Référence 
Réalisation : Emerald Fennell
Titre : Saltburn
Date de parution : 2023
Plateformes disponibles [➦] : Prime Video et Apple TV