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Témoignage • Sexologue dans la peau d’une T.E.S.

21 janvier 2019
Karine Garand
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de l'organisme. 

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Oui, vous avez bien lu, je suis sexologue et je travaille comme technicienne en éducation spécialisée (T.E.S.). Au baccalauréat en sexologie, les chargé.e.s de cours ainsi que les professeur.e.s conseillent aux étudiant.e.s de soumettre leur candidature pour des postes en travail social, en technique en éducation spécialisée, en technique en travail social, etc. Bref, des postes dans le domaine de l’intervention.

Confiante, c’est ce que j’ai fait.

Plusieurs mois ont passé, mais je restais sans réponse.

C’est finalement en novembre 2017 que j’ai été contactée pour une entrevue afin de travailler dans un foyer de groupe (ressource intermédiaire des centres jeunesse) auprès d’adolescent.e.s de 12 à 17 ans. Au cours de l’entrevue, les superviseures m’ont informée que j’allais être intervenante psychosociale, un titre général pour ces postes puisque les membres de l’équipe venaient de différents domaines d’études. À ce moment-là, je me suis dit que j’allais acquérir de l’expérience. De toute évidence, au départ, mon souhait était d’avoir un poste de sexologue, mais mon instinct me disait que cette opportunité allait être bénéfique pour moi.

En janvier 2018, j’ai donc débuté ma carrière dans le domaine de l’intervention.

Au départ, je me suis questionnée à savoir si j’étais à ma place. Pourquoi? En tant que sexologue, je n’avais jamais vraiment envisagé travailler avec des adolescent.e.s ayant des troubles de comportement. En d’autres mots, je ne pensais pas devoir gérer des budgets, le ménage des chambres et des crises au quotidien.

Lors de mon premier quart de travail de soir, une jeune a fait un trou dans sa porte de chambre et m’a traitée de tous les noms. Je dois avouer que, sur le coup, j’ai figé; je n’étais pas préparée à cela. Au cours de mon stage, je n’avais pas fait face à ce genre de tempérament de la part de la clientèle. Je me retrouvais donc dans un tout autre monde auquel il a fallu que je m’adapte. J’ai dû me créer un bouclier afin que les situations plus violentes auxquelles j’étais confrontées n’atteignent pas mes émotions.

À la suite de ce premier événement, les crises qui ont suivi devenaient de moins en moins pires. Au fur et à mesure, j’ai appris à utiliser mes acquis et les conseils qu’on m’avait donnés au départ. De plus, mon bouclier devenait solide plus les semaines avançaient. Je peux dire que j’ai appris l’intervention de crise « sur le tas » et à l’aide de mes collègues éducatrices.

Maintenant, 10 mois plus tard, je suis plus confiante que jamais. Je ne regrette en aucun cas mon choix de milieu de travail. Il y a certainement des journées plus difficiles que d’autres où j’ai envie de tout lâcher, mais quand je me rappelle d’où viennent ces jeunes et ce dont ils ont besoin, je suis heureuse de faire ce que je fais et ça me motive.

Avec le temps, j’ai appris à me fier à mon instinct et à mes connaissances. J’ai aussi été très bien encadrée par mes collègues et mes superviseures. Pour ceux et celles qui vont commencer dans le domaine de l’intervention et dont les tâches ne seront pas spécifiquement sexologiques, il faut oser poser des questions et se fier à nos instincts. Je ne pourrais pas dire que c’est pendant le baccalauréat en sexologie que j’en ai appris le plus en ce qui concerne l’intervention de crise, bien qu’il ne faille pas sous-estimer cette formation.

Les sexologues ont la chance de pouvoir intervenir de façons différentes. Étant polyvalent.e.s et multitâches, je crois qu’ils et elles arrivent à assumer les tâches habituellement associées aux postes autres que ceux de sexologues. Je crois que les sexologues peuvent avoir des points de vue particuliers face à certaines situations et peuvent, grâce à cela, intervenir de façon novatrice.

Personnellement, je suis bien satisfaite de ma formation malgré qu’au départ, je ne me voyais pas travailler dans mon domaine actuel et gérer des situations aussi difficiles. Oui, je fais le travail d’une T.E.S., mais ma formation de sexologue m’amène à intervenir de façon pertinente et souvent complémentaire à celle de mes collègues, ce qui est définitivement un avantage selon moi.

En début de carrière, j’ai eu plusieurs craintes par rapport à mes tâches. En effet, j’ai eu à m’adapter et à m’ajuster. Cependant, je crois avoir réussi à garder mon côté sexologue au travers de mes interventions comme T.E.S.

C’est tout un défi. Ça demande beaucoup de persévérance et de patience, mais ça en vaut la peine, croyez-moi.

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