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Déception pour la commission d’enquête sur les femmes autochtones

7 juin 2018
Chloé Duchastel-Vassaramva
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L’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées devait se terminer d’ici le 1er novembre. Le gouvernement fédéral a annoncé mardi que les rencontres pourront être prolongées jusqu’à la fin de l’année 2018 et que le rapport final devra être rendu que le 30 avril 2019. Ainsi, l’enquête se poursuivra que pendant six mois, au lieu de deux ans comme le réclamaient les commissaires et d’autres regroupements autochtones. La décision d’Ottawa déçoit profondément. Michèle Audette, l’une des commissaires, songe même à quitter. Elle déclarait dans les pages du Devoir le mois dernier « qu’à défaut d’obtenir deux ans de plus, son équipe ne parviendrait pas à terminer son mandat et que la prochaine génération de femmes et de filles autochtones continuerait « d’en payer le
prix ».

Ottawa justifie sa décision notamment parce qu’il considère ne pas pouvoir répondre aux recommandations des commissaires avant l’élection fédérale de l’automne 2019. En outre, le mandat de la commission d’enquête doit obtenir l’aval de toutes les provinces pour qu’elle puisse avoir l’autorisation
d’envoyer des assignations à comparaître. Or, certaines provinces s’y opposent, et il ne suffit que l’opposition d’une seule pour ne pas obtenir la prolongation du mandat.

Le verdict du fédéral est largement dénoncé par les commissaires, dont Marion Buller : « Lorsque nous avons demandé une prolongation de deux ans, nous cherchions un équilibre entre l’urgence de remédier à cette tragédie et la nécessité de faire le travail correctement [...] l’annonce d’aujourd’hui nous porte à croire que des considérations politiques l’ont emporté sur la sécurité des femmes, des filles et des personnes LGBTQ autochtones ». L’Association des femmes autochtones du Canada et Femmes
autochtones du Québec ont aussi déploré la décision en précisant que la commission n’a pas réellement encore entamé le mandat juridique et que la prolongation accordée actuellement ne donne pas le temps nécessaire pour faire la lumière sur la discrimination systémique vécue par les Autochtones, surtout dans le système judiciaire.

Pour calmer la balance, le fédéral avait annoncé une série de mesures en automne dernier pour répondre au rapport provisoire des commissaires, dont du soutien financier aux victimes et en santé mentale, de prolonger le travail de soutien des équipes de liaison avec les familles et les organismes
dans les communautés et de mettre sur pied un fond de commémoration aux victimes. Toutefois, au lieu de considérer la recommandation de créer une escouade policière fédérale-provinciale, le gouvernement a plutôt créé une unité de la GRC qui surveillera des enquêtes majeures, comme celles sur les femmes autochtones disparues et assassinées.

Référence
https://www.ledevoir.com/politique/canada/529546/l-enquete-federale-sur-les-femmes-autochtones-prolongee-de-six-mois

Source
Non applicable

femmes, autochtones, Premières Nations, enquête

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