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Témoignage • Le choix de ma vie, le choix d’une vie!

19 septembre 2019
Nancy
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de la revue.

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Je suis une femme de 37 ans en couple avec un homme depuis 16 ans et je n’ai pas d’enfants par choix.

Je crois que l’origine première de mon choix de ne pas avoir d’enfants est due à mon enfance difficile. Sur le plan émotionnel, les rôles étaient inversés, la plupart du temps, entre ma mère et moi. Elle m’a souvent dit, lorsqu’elle était en colère, que les enfants avaient gâché sa vie. Ces paroles ont eu l’effet d’une bombe sur mon développement psychologique et ont eu des conséquences sur ma confiance en moi. Je sentais que ma naissance était la cause de la plupart de ses problèmes. J’éprouve encore de la culpabilité à ce sujet, et ce, dans plusieurs situations. J’ai longuement réfléchi afin de comprendre si mon choix était uniquement basé sur mon enfance difficile. Je n’en aurai probablement jamais la certitude.

En 2019, on devrait en tant que femme avoir le droit de choisir d’avoir des enfants ou non. Cependant, je me sens encore obligée de justifier mon choix de la non-maternité. J’éprouve, encore à ce jour, de la culpabilité qui refait surface lorsque le sujet de la maternité est abordé par des ami.e.s ou la famille. Ils et elles n’ont pas à connaître mes blessures profondes ou mes opinions tranchées sur la maternité. J’ai tout de même souvent envie de dire aux personnes qui ont tendance à mettre la maternité au plus haut sommet du don de soi que ça semble aussi être une façon de combler un besoin narcissique. J’ai l’impression que de nombreuses femmes font des enfants pour combler un vide émotionnel et croient à tort que leurs enfants leur appartiennent.

Les gens disent souvent qu’il n’y a pas de moment idéal pour faire des enfants. J’ai l’impression que je cherche encore à justifier mon choix de la non-maternité parce que moi, je les ai les conditions idéales, ou du moins quasi idéales (mes ressources familiales sont quelque peu limitées) : un bon travail, une maison et un conjoint qui serait un bon père. Plusieurs personnes font des enfants sans avoir ces conditions favorables.

Néanmoins, je ne ressens pas le besoin d’avoir un ou des enfants pour me sentir accomplie. Lorsque je vois une famille avec des enfants, cela ne me fait ni chaud ni froid. Je n’éprouve même pas un peu de jalousie ou même de regret en les voyant.

La vie de couple dans tout cela?

Selon moi, le choix de la non-maternité complique davantage les relations de couple. Jeune femme dans la vingtaine, avec mes conjoints de l’époque, la question qui tue était abordée dès les premières semaines : « Est-ce que tu veux des enfants? ».

Je me souviendrai toujours des propos d’un de mes chums qui résonnent encore dans mon utérus : « Je veux au moins deux kids ». Ce genre de réplique avait provoqué chez moi un détachement émotionnel presque instantané. Je me disais que si je m'investissais trop dans la relation, j’allais me blesser, car j’étais déjà persuadée de ne pas vouloir d’enfants. Je savais donc que ces relations allaient être de courte durée.

Je trouve qu’en tant que femme, le prix à payer est beaucoup plus élevé que chez l’homme et il le sera toujours. Je pense au nombre de femmes qui développent des troubles alimentaires, des problèmes d’image et d’estime de soi lors de la maternité et après l’accouchement.

Qui s’absente davantage du travail?
Qui réclame l’enfant la nuit lorsqu’il fait un cauchemar?
Qui s’occupe davantage des rendez-vous, des tâches ménagères, de la planification des activités des enfants?
Pour moi, la réponse est claire : les femmes.

En voyant mes amies avoir des enfants puis disparaître durant presque deux ans pour essayer de se relever de ce changement de vie et de routine, l’idée de la maternité me laisse un goût amer en bouche.

Je n’ai pas d’enfants par choix. Il s’agit d’une décision éclairée et longuement réfléchie. J’aimerais qu’on arrête de glorifier la maternité. J’aimerais que les gens sans enfants soient davantage représentés, dans les publicités à la télévision et à la radio, par exemple. J’aimerais vivre ma vie de femme sans me sentir coupable de ne pas vouloir d’enfants par choix.

On a qu’une seule vie, autant la vivre comme on l’entend.

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D'autres témoignages sont disponibles dans le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation ». N'hésitez pas à consulter le dossier en entier pour en connaitre plus sur cette réalité.

Consulter le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation »
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