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Témoignage • Childfree pour la vie

19 septembre 2019
Marie
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de la revue.

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Depuis mon jeune âge, je savais que la vie de maman ne serait pas pour moi. Je l’ai toujours senti. En grandissant et en vieillissant, cette idée m’est apparue comme une évidence. J’ai choisi il y a longtemps de ne pas avoir d’enfants, et je suis contente de ce choix.

Dans la vingtaine, des phrases telles que « tu vas changer d’avis » ou bien « lorsque tu rencontreras le bon gars, ça va venir tout seul » ou encore « après tes études, ça va être le bon moment » étaient omniprésentes.

J’ai maintenant 34 ans, un conjoint depuis huit ans, une carrière que j’adore et je n’ai toujours pas changé d’idée! Bizarre? Je ne crois pas. Anticipé? Absolument!

Ayant atteint la trentaine, je suis encore surprise (ou simplement découragée) quand les gens me disent « tu as encore le temps » ou « tu vas voir, ton horloge biologique va sonner ». Comme si le fait que j'aie des enfants était incontestable. Comme si les autres le savaient mieux que moi. Comme s’ils et elles avaient raison et moi tort concernant mes propres décisions sur mon mode de vie et les choix que j’ai faits depuis le temps où je jouais à la Barbie avec ma petite cousine et qu’elle avait le rôle de la maman.

Je peux comprendre que nous sommes peu nombreux et nombreuses à faire le choix de ne pas avoir d’enfants, et que ça peut sembler incompréhensible aux yeux de ceux et celles qui font le choix opposé. Rares sont les personnes qui s'intéressent à mes raisons, qui prennent le temps d’en discuter sans tenter de me faire changer d’avis. Pourtant, j’ai des arguments qui méritent d’être entendus.

Alors pourquoi n’ai-je pas d’enfants?

Je crois que ça vient du fait que je n’ai pas le goût de reproduire la vie de ma mère et celle de beaucoup d’entre elles. Enfants, métro, boulot, enfants, dodo… vous voyez le genre? Consacrer sa vie (ou, du moins, minimum 18 ans de sa vie) à pourvoir aux besoins de quelqu’un d’autre… non merci! Le fait d’y penser me procure de l’anxiété : j’étouffe. Être constamment obligée d’avoir la responsabilité d’un autre être humain, c’est m’arracher ma liberté.

Aussi, j’ai plusieurs amies qui ont eu des enfants à différentes périodes de leur vie, et en aucun temps, cela ne m’a donné l’envie d’en avoir. Les histoires que j'ai entendues m'ont confirmé que ce n'était pas la vie que je voulais : l’accouchement, la fatigue, les crises, les chicanes avec le ou la conjoint.e, les garderies, le manque de reconnaissance de ton enfant, le manque de temps pour soi… et j’en passe. Les parents persévérant.e.s me disent « au bout du compte, lorsque ton enfant te dit “je t’aime”, toute la souffrance s’efface ». Moi, je trouve que ça ne vaut pas la peine que je passe 18 années de ma vie dans ces conditions-là.

De plus, je suis terrorisée à l’idée de finalement décider d’avoir un enfant et de le regretter par la suite. Le regret est un sentiment qui a le potentiel de me ronger. Qu’arriverait-il si je ne m’écoutais pas en cédant à la pression sociale? Je vivrais difficilement avec ce choix et les regrets qui l’accompagnent.

La pression sociale, parlons-en. Parfois je me demande si c'est réellement possible qu'aucun parent ne regrette leur choix d'avoir eu des enfants. Souvent, je ressens de la jalousie de la part d’autres femmes. Elles me confient qu’avoir su ce qu’impliquait le fait d’avoir des enfants, elles n’en auraient pas eus. Ah bon? C’est tout un aveu! Ont-elles flanché sous la pression sociale? Était-ce une décision mûrement réfléchie? Ou ont-elle simplement adopté une voie déjà tracée par notre société?

Parfois, les gens qui ont des enfants considèrent que je leur dois certaines choses. Au travail, il m’est arrivé d’entendre des commentaires tels que : « Les gens avec des enfants devraient avoir la priorité des choix de vacances. » Pardon? Comme si mes 15 années d’ancienneté s’envolaient lors des choix de vacances pour laisser la place à ceux et celles qui ont des enfants! Ou lorsqu’on m’a dit que je devais venir à une fête, car n’ayant pas d’enfants, j’avais tout mon temps. Comme si je ne pouvais refuser une invitation sous prétexte de ne pas avoir une excuse assez valable. Absurde, non?

À combien de reprises ai-je entendu le fameux « c’est égoïste de ne pas avoir d’enfants! » Vouloir vivre ma vie comme je le veux n’est pas un geste égoïste, c’est plutôt un geste intelligent. Selon moi, l'égoïsme serait plutôt d'avoir des enfants pour pallier notre solitude et combler notre besoin de compagnie et d'amour inconditionnel.

Je considère que ma vie est comblée comme elle l’est. Je ne ressens pas de manque ou de vide du fait que je n’ai pas d’enfants. Pour moi, à 34 ans, c’est la suite logique de ma vie. Childfree pour la vie!

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D'autres témoignages sont disponibles dans le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation ». N'hésitez pas à consulter le dossier en entier pour en connaitre plus sur cette réalité.

Consulter le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation »
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