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Témoignage • Est-ce que tu veux des enfants? Parce que moi, vraiment pas

19 septembre 2019
Marie-Pier
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de la revue.

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Quand je rencontre un gars que je trouve beau, l’une des premières questions que je lui pose après « Ça te tente-tu d’aller prendre une bière? », c’est « Est-ce que tu veux des enfants? Parce que moi, vraiment pas. » Je n’ai pas envie de développer des sentiments pour quelqu’un qui rêve de fonder une famille; j’ai envie de minimiser les chances d’avoir de la peine.

Entre moi et quelqu’un qui veut des enfants, ça ne pourra jamais marcher. Je suis certaine de ma décision.

J’admire tous ceux et celles qui ont des enfants, qui les élèvent avec amour, bonheur et qui portent tellement de passion pour leur adorable famille. J’adore les enfants de mes ami.e.s. J’aime faire de la pâte à modeler avec eux et elles, les aider avec leurs devoirs et les voir développer leur intelligence, leur côté artistique et leur sens comique. Je trouve d’ailleurs que mes ami.e.s sont des parents extraordinaires et que je ne serais pas aussi douée dans ce rôle.

« Ben non Marie, c’est sûr que tu serais bonne. »

Ouin… non. J’ai tellement besoin d’air. J’étouffe sans mes moments seule.

Je n’habite pas avec mon copain et je n’habiterai jamais avec lui.

J’ai besoin de prendre un bain pendant 2h30 sans entendre rien d’autre que le bruit de mon chat qui gratte la porte pour entrer.

J’ai besoin de voyager seule, souvent.

Être une femme de 32 ans qui a décidé de ne pas avoir d’enfants, c’est répondre souvent à la question : « Oui, mais pourquoi? »

La vérité, c’est que je n’ai pas envie de m’occuper d’un enfant. Je n’ai pas d’intérêt pour les activités familiales. Je n’ai pas envie d’avoir une relation parent-parent avec mon chum. Je n’ai pas envie d’accoucher, d’allaiter ou que mon corps change. J’ai envie de sortir souvent et de tous les essayer, les nouveaux restaurants. J’ai envie que de prendre de mauvaises décisions n’implique que moi. J’ai envie d’avoir une vie sexuelle épanouie, de travailler dur pour réussir tous mes rêves professionnels, de m’acheter une business, de déménager en Gaspésie juste pour voir si je suis capable de vivre en région, de me séparer de mon homme si ça marche plus pis que ce soit pas compliqué et déchirant parce qu’on a un enfant. D’ailleurs, je n’ai pas envie d’avoir un enfant, de me séparer, d’haïr mon ex pis d’être obligée de lui parler pareil.

Vraiment, c’est pas que je n’ai pas d’admiration pour les parents. Des fois, je les trouve plates, mais force est d’admettre que ces parents prennent des risques et font des choses que je ne serais jamais game de faire.

Je le sais qu’il y a plein de gens qui me jugent. Je le sais parce que plusieurs me le disent ou m’excluent carrément de la discussion ou de leur cercle d’ami.e.s. J’ai travaillé durant des années avec des gens qui ne m’ont jamais posé une seule question sur ma vie personnelle parce que la totalité de leurs discussions était centrée sur la vie familiale. J’ai participé avec ces mêmes gens à des dîners et à des soupers durant lesquels j’ai souri sans dire un mot (les gens qui me connaissent diraient que ce n’est pas trop mon style; je suis réputée pour mon amour de la discussion, en plus d’être drôle et plutôt intéressante).

J’ai perdu quelques ami.e.s aussi. Je ne sais pas trop comment l’expliquer. Peut-être parce qu’ils et elles ont arrêté de m’inviter à bruncher et ont commencé à fréquenter plutôt les gens de leur entourage qui commençaient à fonder une famille. Peut-être parce que je ne savais plus trop quoi leur dire puisque je me sentais mal à l’aise devant leur désintérêt envers tout ce qui n’était pas axé sur la vie de nouveaux parents. Peut-être parce qu’ils et elles partageaient beaucoup d’articles moralisateurs sur Facebook qui stigmatisent les femmes sans enfants. Peut-être parce que certains commentaires m’ont blessée : « c’est sûr qu’elle a les moyens de prendre une bouteille de vin à ce prix-là, tsé quand t’as pas d’enfants » ou encore : « mon Dieu tu t’es mise chic, c’est beau avoir le temps de s’arranger ».

Tout cela étant dit, même si je me dis que j’ai simplement un besoin de solitude et de liberté plus élevé que la moyenne, j’ai tout de même peur d’être un peu égoïste.

Bien sûr, elle m’inquiète cette décision. J’ai peur que de vieillir sans enfants, ce soit la seule chose pire que d’avoir des enfants. Malgré tout, moi, c’est ce risque-là que je suis prête à prendre;

j’connais pas d’autre façon de vivre ma vie que de la vivre à ma façon.

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D'autres témoignages sont disponibles dans le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation ». N'hésitez pas à consulter le dossier en entier pour en connaitre plus sur cette réalité.

Consulter le dossier « Childfree : entre liberté et stigmatisation »
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