flickr/Atlas and epitome of gynecology/Oskar Schaeffer & Richard Cooper Norris – Photo modifiée par Les 3 sex*

France : éradiquer les violences gynécologiques à la source

13 décembre 2019
Louise Maurel
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À la suite du rapport publié par le Haut Conseil  à l’égalité (HCE) en 2018 dans lequel sont dénoncées  les violences gynécologiques et obstétricales ainsi que le « sexisme ambiant » dans le système de santé français, une introspection est en cours dans le milieu médical et universitaire. 

De nombreuses personnes du corps étudiant déplorent que ce domaine soit dominé par des hommes et que les formations sont souvent très en retard en matière de féminisme, pouvant même aller jusqu’à mettre en danger des patient.e.s. 

L’article dans Le Monde  nous apprend que « le HCE recommande [...] de repenser le rapport aux patientes, les pratiques obstétriques [...], ou l’accueil des personnes LGBTI ». Pour la ministre de la santé française Agnès Buzyn, les formations universitaires des gynécologues sont « trop paternaliste[s] et autoritaire[s] ». 

L’Institut  de recherche et d’action pour la santé des femmes recense de nombreux cas de violences obstétricales et gynécologiques parmi lesquelles : des impositions  d’actes (frottis, touchers vaginaux) non urgents, des examens cliniques non consentis, des violations de l’intimité ou de la confidentialité, des humiliations, des refus de respecter les choix contraceptifs des patient.e.s ou de pratiquer une péridurale, épisiotomies (incision du périnée lors de l’accouchement) sans anesthésie locale, etc. Autant d’exemples relevés qui sont tristement répandus. 

Plusieurs professionnel.le.s de la santé y voient  une priorisation de la technique au détriment de l’empathie et des relations patient.e-soignant.e basées sur la confiance. 

Philippe Deruelle, Secrétaire  général pour l’obstétrique au Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français  dit observer une « prise de conscience de la profession ». Selon lui, même si la mise en pratique peut prendre du temps, le changement est amorcé. Le rapport de HCE a d’ailleurs permis à de nombreux et nombreuses médecins de prendre connaissance de ces dérives. Les luttes étudiantes dans le domaine ont aussi rendu possible une certaine ouverture de la part des professeur.e.s et du milieu en général.

Mais pour beaucoup de spécialistes, les enjeux féministes et le respect de l’autonomie corporelle des patient.e.s n’est pas encore normalisée dans les formations en gynécologie et ce retard peine à être rattrapé. 

Pour Philippe Deruelle, la priorité est « [d’]intégrer l’expérience des femmes, leurs paroles et leurs attentes » dans la formation des futur.e.s praticien.ne.s. Plusieurs universités cherchent ainsi à réformer leur programme mais aucune politique globale n’est encore en cours ce qui crée de grands écarts entre les différents établissements. Les professionnel.le.s en faveur d’une réforme demandent que les formations des futurs médecins soit axées obligatoirement sur la prévention de telles violences sexistes et que ces initiatives ne reposent plus seulement sur les épaules des professeur.e.s bien intentionné.e.s qui sont déjà débordé.e.s. 

Référence
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/12/12/la-formation-des-futurs-gynecologues-en-pleine-reflexion_6022567_4401467.html 

Source
Non applicable

Violence gynécologique et obstétricales, gynécologie, obstétrique, France, université, féminisme, autonomie corporelle, sexisme, médecine, Haut conseil à l’égalité, institut de recherche et d’action pour la santé des femmes

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