Projet • #QueerTonGym

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#QueerTonGym / #QueerDatGym consiste en une série de portraits et de témoignages sur les réseaux sociaux visant à valoriser la présence de personnes appartenant à la diversité sexuelle et/ou de genre dans les espaces d'entraînement et de sport. Dans un monde photographique créé de toutes pièces, les modèles sont mis en scène tel des superhéros et superhéroïnes.

#QueerTonGym / #QueerDatGym a pour but d’ouvrir un espace de dialogue et de représentation pour permettre aux personnes de la diversité sexuelle et/ou de genre de développer un sentiment de légitimité et d’agentivité au sein des milieux sportifs.

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Les photos & les témoignages

 

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Nick
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« Pourquoi je me gênerais d’être qui je suis, même quand je fais du sport? J’ai toujours exprimé ma personnalité par mon style vestimentaire, mes accessoires, et plus récemment mes ongles. Une des choses que j’aime le plus, c’est voir l’expression dans le visage des gym bros quand ils se rendent compte que je lift autant qu’eux.

Je me suis juste toujours entraîné.e, et même si j’ai eu droit à mon lot de commentaires et de regards désobligeants, je refuse de m’excuser d’exister. Au début de ma transition sociale, c’est sûr que c’était un peu rushant, j’avais une boule de nervosité dans la gorge, et je laissais juste tout ça sortir au gym, ça liftait fort !

Je trouve vraiment important que ces endroits-là n’appartiennent pas juste à un seul type de personne, et je ne suis clairement pas la seule personne à trouver ça, parce que de plus en plus de monde au gym me remercie ou me complimente sur mon look.

Personnellement, je ne vais pas là-bas en me disant que je suis un modèle, ou en voulant accomplir quoique ce soit d’autre que mon entraînement, mais j’imagine que ça peut peut-être en inspirer d’autres à se dire que les gyms c’est aussi pour nous, les personnes flamboyantes, les personnes queer, ou peu importe… Pour tout le monde là. »

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« La danse, pour moi, c’est un refuge pour le corps et l’esprit. Avec mes partenaires, j’arrive à trouver un espace de rencontre qui est complètement hors des rapports de séduction auxquels je me sens constamment ramenée en tant que femme bisexuelle. Quand je danse, c’est moi qui suis en contrôle, je ne me sens pas au service du regard de qui que ce soit, je les oublie, les regards. Je suis plutôt dans un dialogue à la fois avec mon corps, et mes partenaires…

J’apprends à entrer en contact avec ma vulnérabilité: j’en retire du courage, de la force, de la résilience. J’ai envie que toutes les danses soient perçues comme ça. Une réappropriation du corps, un effacement des limites entre les corps et dans les manières d’entrer en relation. La danse, c’est la liberté! »

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Dawn & Paolo
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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Sheila
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« Dans l’eau, c’était le silence total. Rien de ce que je pouvais vivre à journée longue ne me tracassait : juste moi, qui avançais et qui avalais les mètres d’eau. Même si, étrangement, on associe les maillots de bain à la vulnérabilité et au dévoilement du corps, pour moi, c’était dans l’eau que j’oubliais totalement mon corps, mon apparence physique, ma puberté.  

À l’époque, je ne savais pas comment m’habiter moi-même, je n’avais pas non plus les mots pour nommer ou comprendre ma non binarité. Je savais juste que quand je battais mes scores, et que j’accotais mes adversaires, j’avais un espace ou me sentir fort.e, puissant.e, et où je pouvais enfin me battre à chances égales. C’était là que je me trouvais, et que j’apprenais à apprivoiser mon corps et à le valoriser pour ce qu’il accomplit, plutôt que pour ce dont il a l’air. 

Même si j’ai arrêté la compétition depuis longtemps, j’ai toujours continué à nager pour me libérer l’esprit et me ramener à cette partie-là de moi. Après mon top surgery, j’ai dû arrêter pour un temps, mais j’ai retrouvé la piscine, et je porte enfin le maillot que j’aurais voulu porter à l’époque! 

C’est un réel cadeau pour moi, d’avoir cette passion qui perdure, et qui m’a permis de traverser tous les bouleversements identitaires et physiques de ma vie d’adolescent.e et de jeune adulte. Je le souhaite vraiment à tout le monde… je nous souhaite aussi un espace sécuritaire où explorer tout ça. »

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« Le yoga, pour moi, c’est l’histoire de la réconciliation entre ma famille, mes origines culturelles, et mon identité sexuelle. Mes parents m’ont initié au yoga très jeune, c’était une façon pour eux de nous transmettre leur culture. Mais ici… c’est une pratique qui est devenue très blanche. 

À l’adolescence, j’ai arrêté de le pratiquer, j’ai rejeté cette partie-là de moi, de ma culture. Plus tard, pendant mon cégep, je vivais plein de choses, j’étais en train de comprendre que mon identité sexuelle ne changerait pas, je vivais beaucoup de honte, je mentais à mes parents à propos de tout… À ce moment-là, étrangement j’ai choisi de prendre le cours de yoga en éducation physique (sûrement pour passer sans faire d’efforts!), et ça a été un réel retour aux sources. 

Je n’ai toujours pas fait mon coming-out à mes parents, même s’ils s’en doutent sûrement, mais quand je suis sur le matelas, c’est comme si j’étais en contact avec l’Amour, avec un grand A. Je suis à la fois l’enfant de mes parents, à la fois cet homme qui peut aimer chaque personne, la honte disparaît totalement. C’est vraiment une réconciliation… »

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Nick
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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Miwa
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« Je me souviens encore la première fois que je me suis entraîné avec mon père dans son garage, c’était avant ma transition. Ça a commencé à devenir une chose régulière, et c’est en voyant mon corps se transformer que j’ai tranquillement pris conscience de ma transidentité. 

Pour moi, en tout cas, c’est comme si mes seins n’avaient plus leur place sur mon corps qui se transformait, à mesure que mon corps devenait ce que j’avais au fond, toujours espéré qu’il soit. J’ai commencé à expérimenter de l’euphorie de genre en développant ma musculature; comme si mon extérieur était enfin vraiment en adéquation avec mon intérieur. 

J’ai récemment eu mon top surgery, et je rêve tous les jours du moment où je vais pouvoir recommencer à m’entraîner. Le sport et l’entraînement, pour moi, ça se résume vraiment à cette expression- là : l’euphorie de genre. »

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« Avec ma gang d’ami.e.s, on s’est parti une initiative de sports queer. On essaye TOUS les sports. Tous les sports qu’on n’a jamais voulu essayer par peur, parce que pour nous, le sport, c’était pas pour jouer, ni pour s’amuser; on s’était jamais vraiment senti.e.s les bienvenu.e.s mettons!  

Entre le primaire où tu te fais lancer des ballons chasseur méga fort par les “p’tits gars”, le secondaire où les profs d’éducation physique trippent juste avec les personnes sportives, pis le cégep où tu veux juste passer tes maudits cours… y’a rien qui nous avait donné l’envie de faire du sport.

L’idée est venue un soir, de même, on en riait au début, pis après on a réalisé que hey, l’activité physique là, pis le sport, c’est sensé être le fun, non? C’est sensé nous dégourdir, pis nous permettre de prendre la place qu’on a envie de prendre. Nous autres aussi, on veut jouer. Fait que maintenant, même si on est quand même poches dans toute, on s’inscrit dans des ligues de soir pour adultes, pis on s’amuse au boutte. Let’s go les queer, on ramasse le monde du sport! »

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèles : Shelia, Dawn & Paolo
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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèles : Paolo, Miwa, Nick & Dawn
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« Je me suis souvent sentie à contre-courant en grandissant, je n’arrivais pas tout à fait à le comprendre, mais aujourd’hui je sais que j’ai juste toujours été queer, sans avoir les termes pour le nommer. 

J’ai commencé la course très jeune, quand j’étais au primaire. C’était le seul sport dans lequel je pouvais me sentir bien : les équipes de sport m’intimidaient, je n’avais pas envie de me ramasser dans un vestiaire plein de “garçons”, et c’était impossible de rejoindre une équipe féminine… C’est assez triste et arbitraire  comme séparation, quand on y pense, non? 

Quand j’ai commencé la course, ça va avoir l’air un peu bête, mais c’est comme si j'avais senti que, pour une fois, j’allais dans le même sens que tout le monde, mais que je pouvais le faire encore mieux, que je pouvais apprendre à aller toujours plus vite, et à me propulser dans mes termes à moi, à partir de ma force intérieure. 

Dans un marathon, c’est tout le monde qui court, on s’en fout des hormones, du sexe des personnes. On fait juste courir, individuellement, oui, mais il y a comme quelque chose dans l’image d’une foule qui court qui me fait penser à un courant dans lequel des fois, je suis content de pouvoir me laisser porter… » 

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« J’ai jamais vraiment fait la paix avec mon corps après la puberté, et après avoir arrêté le sport de haut niveau. Des hanches, des seins, pis des jambes méga musclées…tout ça, c’est comme si dans ma tête ça voulait dire que socialement je me devais d’être une femme, or whatever that means

J’ai toujours envié les personnes avec des corps plus minces parce que j’avais l’impression que dans le fond pour assumer pleinement mon identité de genre, il fallait que j’aie une apparence plus androgyne. Je travaille encore à déconstruire cette idée-là, notamment parce que j’ai accès à des modèles incroyables qui me prouvent le contraire. Mais il y a aussi le retour au sport: j’ai commencé à faire de l’escalade, et je vois mon torse se muscler d’une façon qui me fait tellement du bien, c’est capoté. 

Je sens comme un équilibre qui s’installe, et mon énergie masc qui se déploie, et en même temps j’apprends à associer force et féminité. Et c’est pas juste au gym que ça a un impact, je le sens au quotidien, c’est weird, mais j’ai moins peur. Mettons le soir, ou même de jour, par exemple l’été, quand je m’habille comme ça me tente. Quand je me fais caller, c’est comme si maintenant je savais combien je peux être forte. En gros, thank god l’escalade, pis les sports. »

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèles : Shelia, Dawn & Paolo
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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèles : Miwa & Nick
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« En secondaire 4, j’ai juste décidé d’arrêter de me présenter à tous mes cours d’éducation physique. Tout le monde savait que j’étais gai, et même si j’avais beaucoup d’ami.e.s à l’école, mon expérience des vestiaires a, d’aussi loin que je me souvienne, toujours été vraiment horrible. Les autres refusaient de se changer en ma présence, faisaient des commentaires désobligeants, assumaient que j’avais un kick sur eux, tous les clichés… 

Aucun prof n’a su m’aider, même si tout le monde était au courant : c’était un système. J’ai juste décidé de choisir mes combats, si l’école n’assurait pas ma sécurité, j’allais le faire. J’ai été assez chanceux parce que mon père m’a soutenu, et a motivé toutes mes absences pendant deux ans. 

Je n’avais jamais eu l’impression de manquer quoique ce soit en ne pratiquant aucun sport, et en me privant de ces espaces-là où, clairement, il n’y avait pas de place pour que j’existe pleinement. J’ai commencé à faire de l’escalade, un peu par hasard, il y a presqu’un an. 

Les vestiaires genrés me rendent encore inconfortable, je n’arrive pas encore à me sentir entièrement détendu, mais la grimpe me permet de développer, très lentement, le sentiment que je peux être fort, et que l’espace m’appartient tout autant qu’aux autres. J’espère vraiment que les choses ont changé dans les écoles… je crois que j’aurais aimé profiter du sport pour extérioriser bien des choses en grandissant. »

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« J’ai fait du sport toute mon adolescence, surtout des sports qu’on considérait comme plus traditionnellement “masculins”. Quand je pense à mon équipe de hockey, avec qui je m’entraînais tous les jours, je me sens parfois triste de ne jamais m’être vraiment révélé, de ne pas avoir eu la force de faire mon coming-out avant. 

Depuis que j’ai fait le mien, deux autres membres de mon ancienne équipe ont fait le leur, je me dis avec regret qu’on aurait pu se soutenir là-dedans. D’un autre côté, je comprends les jeunes qu’on était : absolument rien de l’environnement dans lequel on évoluait ne nous permettait de nous sentir en sécurité, et acceptés dans nos identités sexuelles et de genre. 

Je connaissais trop bien les locker-room talk, le chirping, et je participais moi-même à cette culture qui nous a sûrement tous rendus misérables au fond. Ça m’a pris des années retourner sur la glace, ou même retourner m’entraîner, alors que ça avait toujours fait partie intégrante de ma personne. 

Mon identité sexuelle n’est pas une limite, ni la seule chose qui me définit : j’ai besoin de me sentir fort, de bouger, de laisser sortir mes émotions par le sport. J’ai essayé de me concentrer là-dessus, sur l’amour du sport qui rassemble, et j’ai parti une ligue de garage avec des ami.e.s, ça nous permet de nous retrouver, et de réapprivoiser le sport comme espace de jeu, et de guérison. »

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Crédit : Pascal Ferraris ; Modèle : Paolo
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Photographe • Pascal Ferraris

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Crédit : Hamza Abouelouafaa

 

Pascal Ferraris (prononcer le S) est un.e photographe non-binaire (il/elle), originaire de Montréal. Passionné.e par la photo et le cinéma depuis l'enfance, elle a fait un retour aux études en 2018, après un petit détour, pour se consacrer pleinement à la photographie.

Inspiré.e tout d'abord par la nature, qu’elle considère à la fois forte et douce, Pascal se tourne finalement vers le portrait en espérant représenter des corps en mouvement, des gens inspirants, une société en évolution et créer un safe space pour les personnes des communautés queer et BIPOC.

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Les modèles

Miwa ⤅ @scissor_daddy
Nick ⤅ @nickdesilus
Paolo ⤅ @paolotique
Dawn ⤅ @dawnnn.b 
Sheila ⤅ @sheivann

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L'équipe

Marianne Couture-Cossette • production déléguée
Mylène de Repentigny-Corbeil • coordination, communication
Pascal Ferraris • direction artistique, photographe
Neve Kerry • stylisme
Léonie L.R • artiste maquillage
Alex Lacelle | Details the Agency • agent.e d’artiste
Daphnée Bourassa • graphisme
Mylène Castilloux • assistance caméra
Léo-Frédérik Leroux • assistance de production