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Lettre ouverte • Une exclusion qui ne passe pas le test de la réalité

26 mars 2020
Association Étudiante des Cycles Supérieurs en Sexologie, Association Étudiante Modulaire en Sexologie
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En juin 2019, le cabinet du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a annoncé son nouveau Programme de bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires. Ce programme a pour mandat, comme son nom l’indique, de soutenir financièrement les étudiant.e.s de domaines dans lesquels des stages sont obligatoires et souvent non rémunérés — domaines qui, soulignons-le, sont historiquement considérés comme féminins dans le contexte nord-américain (enseignement et intervention psychosociale, notamment). 

Quelle ne fut pas la surprise de centaines d’étudiant.e.s de sexologie, tant au baccalauréat qu’à la maîtrise clinique, de constater que leur domaine avait été laissé de côté, sous prétexte qu’il n’y a pas de pénurie de sexologues dans les services sociaux québécois! Or, ce constat est on ne peut plus faux, puisque les sexologues sont omniprésent.e.s dans les services sociaux publics, parapublics et communautaires et ne portent simplement souvent pas leur titre. En effet, bon nombre de sexologues offrent des conseils pédagogiques — notamment pour la mise en oeuvre du programme obligatoire d’éducation à la sexualité dans les écoles — ou oeuvrent à titre d’agent.e.s de relations humaines dans les CISSS et les CIUSSS, de chargé.e.s de projet en lien avec des enjeux de santé psychosexuelle, d’intervenant.e.s, de psychothérapeutes et bien d’autres titres encore qui camouflent l’importance du rôle qu’occupe les sexologues dans la santé des Québécois.e.s. Ces professionnel.le.s apportent leur expertise en santé sexuelle et une connaissance nuancée des enjeux liés, entre autres, à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre, aux relations intimes, amoureuses et sexuelles, et au développement psychosexuel, et ce, dans tous les milieux psychosociaux dans lesquels on sollicite leurs services. 

Ces compétences ne sauraient être acquises de manière strictement académique. Les stages, que ce soit au 1er ou au 2e cycle, permettent l’acquisition de compétences de savoir-être et de savoir-faire essentielles à la pratique sexologique et complémentaires aux savoirs acquis en classe. Les stages — qui comportent 420 heures d’implication dans le milieu de stage au baccalauréat et 300 heures de traitement psychothérapeutique à la maîtrise — permettent de consolider et d’approfondir l’autoréflexivité professionnelle développée durant les cours pour faire graduer des professionnel.le.s sensibles, éthiques et informé.e.s. Cela n’est évidemment que la pointe de l’iceberg, puisque l’implication en stage comporte également une panoplie de préparation, de travaux et de rapports qui s’effectuent bien au-delà des heures comptabilisées et qui contribuent à ce développement professionnel crucial. Dans un milieu traitant d’enjeux sociaux trop souvent tabous, la formation la plus complète et poussée possible permet d’assurer la sécurité des futur.e.s bénéficiaires des services des sexologues. 

Toutefois, une question demeure : pourquoi le prix de ce développement professionnel devrait revenir plus lourdement aux futur.e.s sexologues qu'à d'autres futur.e.s professionnel.le.s des services sociaux? Nier ce soutien aux stagiaires en sexologie, c’est induire un stress financier qui peut avoir un grand impact sur leurs études et l’acquisition des notions si importantes présentées durant le baccalauréat, la maîtrise et les stages obligatoires à ces deux niveaux. Il est de notre devoir d’offrir un environnement favorable à l’apprentissage de professionnel.le.s qui, éventuellement, pourront avoir un grand impact sur le développement d’une société plus égalitaire, juste, mettant de l’avant le consentement et abattant les discriminations en tout genre. 

Gabriel-le Beauregard, sexologue et étudiant.e à la maîtrise clinique en sexologie pour l’Association Étudiante des Cycles Supérieurs en Sexologie (AECSS)
aecss@courrier.uqam.ca 

Association Étudiante Modulaire en Sexologie (AÉMS) 
coordination.aems@gmail.com

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