Après avoir déménagé à New York afin d’assouvir leur rêve respectif de vivre de leur travail d’écriture dramaturgique, Rachel (Kathryn Hahn) et Richard (Paul Giamatti), un couple de quadragénaires, se retrouvent face à la difficulté d’enfanter à leur âge et accumulent les tentatives aussi déchirantes les unes que les autres. 

La réalisatrice états-unienne Tamara Jenkins (La Famille Savage, Les Taudis de Beverly Hills) signe son dernier opus après être elle-même passée par les difficultés de la procréation, l’interminable processus d’adoption ainsi que les faux espoirs de la fécondation in-vitro.

L’œuvre de Jenkins retrace avec brio le parcours du désir d’enfant qui tourne à l’obsession. La réalisatrice utilise une approche humaine pour traiter d’un procédé souvent apeurant, incertain et qui demande un investissement à toute épreuve. Le milieu médical de la fertilité y est dépeint comme une véritable industrie, dont la froideur est déconcertante et l’éthique fort discutable. Lorsque la demi-nièce de Richard entre dans l’équation pour faire don de ses ovules, Jenkins témoigne alors de la dureté, parfois même de l’abus, que peuvent subir certaines personnes de la part de gynécologues. 

Plusieurs scènes, parfois douloureusement comiques, donnent l’impression d’assister à un trafic de drogues tellement les décisions sont coûteuses et doivent être prises en un clin d’œil lorsqu’il s’agit de mettre toutes les chances de son côté. La famille de Rachel et Richard va même jusqu’à les comparer à des « junkies de la fertilité ».

La réalisatrice de Vie Privée nous fait cependant balancer entre espoir et désespoir en faisant preuve d’empathie au travers d’une mise en scène sans éclat et d’une écriture fluide et pleine d’esprit. Le film agit ainsi comme une magnifique preuve d’amour à tous ces couples pour qui la grossesse devient l’épreuve d’une vie.

Référence

Réalisation/création : Tamara Jenkins
Titre : Vie Privée (Private Life)
Date de parution : 2018

Ce film est disponible sur Netflix.