Sticky Rice – crédit : Feng 峰 – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Revue • Sticky Rice : un magazine pour visibiliser la pluralité des vécus asiatiques canadiens

4 juin 2021
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Le magazine en ligne Sticky Rice fête sa première année d’existence!
Nous soulignons cet évènement en offrant un tour d’horizon de ses parutions les plus récentes. 

Mais qu’est-ce que le magazine Sticky Rice? C’est une publication en ligne qui promeut l’interculturalisme en mettant de l’avant l’expérience de Canadien.ne.s d’origine asiatique. L’équipe, incluant Viet Tran, son rédacteur en chef, et rassemblant quelques dizaines de personnes bénévoles, est principalement basée à Tio'Tia:ke (Montréal). Comme le souligne Thimalay Sukhaseum, chroniqueuse à l’émission On dira ce qu’on voudra, le titre « fait référence [...] au fait qu’on aime se réunir autour d’une table, qu’il y a une espèce de joie de vivre, de partage aussi. Donc, pour moi, ce magazine-là devenait cette représentation-là de gens d’une même communauté qui se réunissaient autour d’une table, qui partageaient des points de vue, puis qui tout à coup aussi osaient »¹. L’équipe de Sticky Rice se positionne en solidarité avec d’autres personnes et communautés racisées, telles les communautés noires et autochtones. 

Dès le premier volume, intitulé « Your Model Minority? » (« Votre minorité modèle? »), paru en juin 2020, les contributions interrogent les stéréotypes. Celui-ci n’est disponible qu’en anglais, mais des articles en français arrivent sur la plateforme dès octobre 2020 et des articles bilingues dès la première parution, en mai 2020, dans la section intitulée Lifestyle, qui prend la forme d’un blogue aux thématiques variées (Culture & Arts, People, Food, Opinion, etc.). Parmi les publications les plus récentes se trouve UNOTHERED: Closer, une série de portraits photographiques et textuels juxtaposant des gros plans sur les visages d’une vingtaine de personnes à côté d’une anecdote les concernant, déjouant la notion d’« altérité » au moyen d’une approche favorisant plutôt la proximité. Les visages, mis en relief par des effets de couleur, diffèrent dans leur attitude malgré le cadre similaire : gros plan sur le visage et regard vers la caméra. Fruit de la collaboration de Viet Tran, Feng 峰 et Shannie Jung, la publication est dédiée au Mois du patrimoine asiatique au Canada. Les autres publications du mois de mai incluent un texte d’Ange Guo intitulé À tous nos nouveaux départs et une excellente entrevue avec Khosro Berahmandi, directeur artistique du festival Accès Asie, menée par Amandine Davre. 

Le volume le plus récent de la revue, dont les textes sont datés de novembre 2020 et de janvier 2021, est un numéro thématique faisant entendre une multiplicité de voix queer. Le titre « (BE)LONGING » se lit comme un jeu de mots, un désir (longing) d’appartenance (belonging) compliqué par une existence entre parenthèses faisant écho au double effacement ressenti par les personnes queer asiatiques au Canada, en périphérie des milieux LGBTQ+ et en bute à l’hétéronormativité présente dans les communautés immigrantes. Le numéro explore les jeux et les enjeux liés à ces identités complexes. Il s’offre aussi comme un contrepoids à l’invisibilisation de ces réalités, en diversifiant les représentations, en problématisant le passage obligé que représente le coming out, les manières dont certaines personnes vivent du racisme culturel et les formes différentes que celui-ci peut prendre selon les contextes. Les nombreux récits de vie, témoignages et points de vue multiples montrent la variété des expériences, des identités, des vécus, des histoires, des figures d’identification et des univers (du party à la galerie d’art, du quartier populaire aux parcours universitaires et au monde de la mode). La navigation est aisée et le design, dynamique. La très haute résolution des images rend toutefois le chargement un peu lent. Images et textes dialoguent pour notre plus grand plaisir de lecture. On relève que les images montrent surtout des silhouettes filiformes. Peut-être que la diversité corporelle pourrait faire l’objet d’un prochain volume ou d’une représentation encore plus variée? 

Notez aussi que l’équipe de Sticky Rice cherche à se développer. Aussi, si vous vous sentez concerné.e, n’hésitez pas à contacter le collectif! Longue vie à ce très beau (et très pertinent) magazine!

¹ Radio-Canada. (2021, 20 janvier). Le magazine Sticky Rice vu par Chan Tep et Thimalay Sukhaseum, On dira ce qu’on voudra, en ligne.

Référence

Auteur.e : Collectif Sticky Rice
Titre : Sticky Rice Magazine
Date de parution : 19 novembre 2020
Maison d’édition : Sticky Rice Magazine

Il est possible de se procurer cette revue en ligne gratuitement.  

Canadien asiatique, interculturalisme, queer, intersectionnalité, LGBTQ+, masculinité, transidentité, sexualité