Normal People – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Roman & Série • Normal People

14 octobre 2021
px
text

Campé dans un petit village de l’ouest de l’Irlande, Normal People raconte l’histoire d’amour tumultueuse entre Marianne Sheridan (Daisy Edgar-Jones) et Connel Waldron (Paul Mescal), deux adolescent.e.s issu.e.s de classes socioéconomiques différentes, et dont les chemins de vie ne cessent de s’entrecroiser. Alors que Marianne est née d’une famille riche, Connell est élevé seul par sa mère, employée comme femme de ménage par la mère de Marianne. Normal People déploie une trame narrative relativement simple, où l’on suit Connell et Marianne lors de leur transition de l’adolescence à l’âge adulte, au moment où se définissent leurs désirs et leurs aspirations.

D’abord un roman de Sally Rooney (Conversations with friends), Normal People s’est rapidement hissé à titre de best-seller au Royaume-Uni (2018) puis aux États-Unis (2019), où la publication a coïncidé avec le début du tournage de l’adaptation télévisuelle. Diffusée au printemps 2020 par Hulu et BBC, la série télévisée de 12 épisodes est une transposition très juste du roman. Créée par Lenny Abrahamson et Hettie Macdonald, Normal People est devenue la série la plus écoutée de la chaîne BBC en 2020. Pour cause, les paysages irlandais, la trame sonore, l’interprétation à couper le souffle et les multiples passages d’intimité (totalisant 41 minutes de scènes de sexe) semblent justifier l’engouement. Il est vrai que les scènes montrant les relations sexuelles entre Marianne et Connell arrivent au petit écran comme un soulagement¹. Sans paraître didactiques ni forcées, ces images dépeignent avec réalisme les hésitations, les rires et les gestes banals² qui caractérisent toute relation sexuelle, et forment la preuve que le consentement n’entrave en rien la sensualité.

Malheureusement, même si Normal People exemplifie bien le plaisir dans le consentement, Sally Rooney trace ailleurs des liens réducteurs entre trauma et relation abusive, puis entre absence de consentement et BDSM, pathologisant ainsi les désirs de Marianne. Heureusement, la série télévisuelle fait un meilleur travail pour éviter ce piège. En voulant faire la démonstration que les relations intimes et amoureuses sont empreintes d’enjeux de pouvoir, l’autrice emprunte certains raccourcis intellectuels, qui contribuent notamment à alimenter la stigmatisation entourant les pratiques BDSM. Enfin, malgré la redondance de l’histoire et quelques bémols, Normal People est une histoire touchante et dont les personnages nous habitent longtemps après la lecture et le visionnement.


***

¹ Les scènes d’intimité ont été coordonnées par Ita O’Brien (Sex Education, I May Destroy You). La coordination d’intimité implique de s’assurer de l’intégrité morale et physique des participant.e.s à une scène de nudité ou d’intimité. Dans ce cas-ci, Ita O’Brien a scripté, de pair avec les acteurs et actrices, l’entièreté des scènes impliquant de la nudité et/ou des rapports sexuels (Dutt, 2020). 
² À titre d’exemple, citons le moment où Connell demande à Marianne où il peut disposer du condom usagé. 

Traumavertissement : Le livre ainsi que la série télévisée Normal People contiennent des scènes d’agression sexuelle, de violence, de violence psychologique et d’intimidation, et traitent de relations amoureuses toxiques.

Référence

Série
Réalisation/création : Lenny Abrahamson; Hettie Macdonald
Titre : Normal People
Date de parution : 2020

Cette série est disponible sur CBC Gems

Roman

Autrice : Sally Rooney
Titre : Normal People
Date de parution : 28 août 2018 (angleterre); 4 mars 2021 (traduction française)
Maison d’édition : Penguin Random House;  Éditions de l’Olivier

Ce livre est disponible en version papier et en version numérique à la Grande bibliothèque (BAnQ). Il est également possible de se le procurer en librairie au coût de 39,95 $.

Normal People, série télévisée, livre, consentement, relation amoureuse, couple, rupture, Daisy Edgar-Jones, Paul Mescal, Sally Rooney, Ita O’Brien, Hulu, BBC