A Better Man (affiche du film) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Documentaire • A Better Man

28 octobre 2021
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Vingt ans après avoir fui Steve, son partenaire violent de l’époque, la réalisatrice Attiya Khan décide de reprendre contact avec son abuseur afin d’enclencher un processus de réparation et de guérison. Le documentaire A Better Man (2017) aborde la question de la violence conjugale et de ce qui se passe lorsque les hommes prennent la responsabilité de leur conduite problématique.

Durant leur première rencontre, Attiya interroge Steve sur ses souvenirs et sur l’impact de la violence sur sa vie : « I wanted to know if the memories of the violence stayed with you. If you felt as damaged as I did »¹. Rapidement, elle se rend compte du décalage entre sa propre expérience et celle de l’autre. Steve n’a presque aucun souvenir, les détails lui échappent; il ne peut décrire les premiers abus, ni en expliquer les raisons, ni même les déclencheurs. De son côté, Attiya a vécu pendant tant d’années avec des cauchemars, des flash-backs et l’omniprésence de la peur.

Le documentaire nous invite alors à suivre le processus thérapeutique de Steve et Attiya avec un psychologue. La réalisatrice explique en entrevue les effets positifs qui en découlent : « He listens to me. He starts to remember. He never blames me for his use of violence. He does not minimize it. » (8m10s). Le documentaire expose par ailleurs les causes et les mécanismes de la violence conjugale dans une perspective de prévention. Pour Steve, la violence dérive d’une impuissance à comprendre et à maîtriser ses émotions : « It’s an incapacity to deal with your own feelings in a productive way. It’s just explosive and it always happens to the one that’s closest to you » (35m). C’est pourquoi le titre du documentaire, A Better Man, désigne à la fois le processus de transformation de Steve et une invitation, pour les autres hommes, à mettre en perspective leur propre capacité à réguler leurs émotions et leurs comportements.

Le spectorat entre également dans la vie intime d’Attiya Khan. Nous la voyons, en tant qu’avocate, soutenir des femmes et des enfants victimes de violence domestique. Nous rencontrons son partenaire, qui s’implique activement auprès de la campagne White Ribbon, un mouvement composé d’hommes et de garçons qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles. Plus encore, le documentaire montre, à travers des images empreintes de douceur, les pratiques sportives, les traitements d’acupuncture et les exercices méditatifs d’Attiya. Cet ensemble de scènes lumineuses révèlent toutefois que le trauma, malgré les vingt ans qui la sépare des événements, est ancré au plus profond du corps.

Enfin, A Better Man est également accompagné d’un site Web et d’une plateforme interactive où l’on retrouve un ensemble de ressources pour faciliter des conversations sur la violence sexiste ou pour organiser des cercles de parole entre hommes. A Better Man représente un bel exemple du documentaire engagé : il est autant un récit doux-amer, difficile et empathique, qu’un excellent outil de prévention, à écouter, à partager, à utiliser. C’est avec anticipation que j’attends le prochain documentaire d’Attiya Khan, Weathering, qui portera sur l’impact du racisme sur la grossesse, l’accouchement et la dépression post-partum.

¹ Work With Perpetrators. (2021, 27 octobre). Interview with Attiya Khan (A Better Man), en ligne

Référence 

Réalisation/création : Attiya Khan et Lawrence Jackman
Titre : A Better Man
Date de parution : 2017

Ce documentaire est disponible sur l'ONF

documentaire, violence conjugale, violence domestique, sexisme, thérapie, trauma, masculinité, responsabilité, réparation