A League of Their Own nous plonge dans l’univers des clubs professionnels de baseball féminin des années 40. Inspirée de la vraie équipe des Rockford Peaches, la série reprend l'idée du célèbre film réalisé par Penny Marshall en 1992 mettant en scène Geena Davis et Madonna. Cette fois-ci, la réalisatrice Abbi Jacobson et le réalisateur Will Graham déploient l'histoire sur huit épisodes, ajoutant des personnages et des intrigues nouvelles. 

La série commence en 1943, où l’on voit Carson (Abbi Jacobson) attraper de justesse le train vers Chicago pour les essais de la ligue féminine de baseball professionnel, créée pour divertir et remonter le moral des états-unien.ne.s  en temps de guerre. Attachante mais maladroite, Carson sera au cœur de la série, agrémentant les intrigues de son humour décalé. Ce qui est présenté comme un coup d’argent aux yeux des dirigeant.e.s de la ligue est pourtant le début d’un développement professionnel longuement attendu pour les membres de l’équipe. Nous rencontrons également Maxine (Chanté Adams), une talentueuse joueuse afro-américaine qui se fait refuser de participer aux essais, victime de ségrégation raciale. Débutent alors, dès le premier épisode, deux trames narratives distinctes. Il y aura celle de Maxine et de sa détermination à jouer au baseball malgré le racisme et le sexisme de l'époque. Puis, nous verrons Carson et les Rockford Peaches se battre pour pratiquer leur sport malgré le contrôle qu'exerce la ligue sur elles, notamment par des mesures coercitives quant à leur expression de genre et leur sexualité.

Si les scènes de baseball sont d'un réalisme qui défie la fiction (les comédien.ne.s se sont d'ailleurs entraîné.e.s pendant plusieurs mois), c'est surtout la beauté des intrigues liées au genre et à la sexualité qui vole la vedette. L’équipe de réalisation échappe avec brio aux stéréotypes déplacés et met en scène des représentations touchantes, complexes et diversifiées de trajectoires de vie queers. Bien qu’on aurait aimé voir plus d’acteurs et actrices trans dans la distribution, on note tout de même un souci de diversité dans la multiplicité des histoires queers mises à l’écran. Sans tomber dans le sentimentalisme, on se remémore la dure réalité des personnes queers de l’époque : clandestinité des bars, rencontres secrètes, pressions à se conformer à une expression de genre normative, etc. La brutalité des oppressions est d'autant plus criante chez les personnages noirs représentés à l'écran, qui vivent constamment sous le joug du suprémacisme blanc.  Cette série, bien que portant un message politique poignant, donne cependant beaucoup plus d'importance à ce qui est lumineux des vies marginalisées. Les relations d’amitié et la solidarité sont présentées comme des ancrages, des pierres d'assise pour l'épanouissement. Comme il est rafraîchissant de retrouver chez les Rockford Peaches ce sentiment de « famille choisie »¹. A League of Their Own souligne combien les espaces qui nous semblent accessibles aujourd'hui sont le fruit d'une lutte féroce de celles et ceux avant nous, et que c'est avec humilité que nous devons continuer de tenir tête dans la joie et le jeu.

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¹ Le terme « famille choisie» décrit le groupe d’individus dont choisit de s’entourer une personne, notamment chez les membres de la diversité de genre et/ou de la diversité sexuelle. Ce groupe de personnes offre généralement du soutien émotionnel, psychologique et matériel. Il est composé de relations durables basées sur l’amour, la confiance, la bienveillance et la validation.

Référence 
Réalisation/création : Abbi Jacobson, Will Graham
Titre : A League of Their Own
Date de parution : 12 août 2022

Cette série est disponible sur Prime.