Depuis quelques années à peine, Narcisse nous enveloppe de ses sons électro-pop et ses histoires envoûtantes. Vivant dans la région de Québec, c’est en 2020, lors des Francouvertes, que le grand public a eu l’occasion de vivre l’expérience Narcisse pour la première fois. 

Avec son premier album la fin n’arrive jamais, Narcisse aborde divers thèmes entourant la sexualité, que ce soit l’amour, les relations polyamoureuses, le désir et l’identité de genre. Il les explore d’un point de vue de sexualité positive, tout en se gardant l’espace pour vivre les émotions négatives que ces enjeux peuvent provoquer chez l’individu. 

L’artiste nous emmène ainsi en excursion dans les tréfonds de son cœur, avec, en arrière-plan, des échos de saxophone, de synthétiseur, de voix et de guitare. Il nous offre un aperçu intime de son parcours en tant que personne de la diversité sexuelle et de genre, en plus de donner la parole à diverses personnes tout au long de son album, ce qui produit un effet de documentaire. L’interprète nous offre donc des points de vue situés, uniques et intersectionnels, en nous exposant un album créé par une collectivité soudée qui souhaite diffuser ce qu’elle crée et, ultimement, susciter des émotions et une réflexion sur notre place dans le monde. Il est par exemple possible d’entendre une personne nous parler de la relation positive qu’elle entretient avec son identité de genre et elle-même; une autre nous mentionne qu’il est libérateur de vivre avec une identité de genre qui est en mouvement et une dernière aborde l’importance d’être entourée de personnes qui l’acceptent dans son entièreté. Ces témoignages, empreints du pouvoir qu’une personne exprime – ou peut ressentir – sur son identité et sa sexualité, inspirent empathie, espoir et agentivité sexuelle.  

Cet album réussit également à prouver que l’art est un vecteur, parmi d’autres, du politique. En misant sur un récit personnel et communautaire et en abordant ouvertement des enjeux sexologiques auxquels les communautés marginalisées sont confrontées au quotidien, Narcisse dénonce, à travers ses mots et sa musique, le système hétérosexiste qui enveloppe la société. De plus, il réussit à créer une œuvre rendant hommage à l’amour (de soi) et aux personnes chères qui nous accompagnent dans notre développement personnel. 

Bref, cet album, prenant parfois la forme d’un documentaire, donne une voix aux personnes et aux communautés LGBTQ+ et met de l’avant le potentiel de la création artistique comme vecteur de révolution individuelle et politique. 

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¹ C’est avec les « interstices » A, B, C et D que Narcisse se transforme en documentariste.
² Sensoy et DiAngelo (2017) l’expliquent comme un système de « valeurs, attitudes, croyances et comportements qui soutiennent la primauté des relations intimes hommes-femmes. L’hétérosexisme est renforcé par des institutions et par la création de lois, de politiques sociales, et de pratiques quotidiennes qui maintiennent l’idée que l’hétérosexualité est la norme innée d’orientation sexuelle chez les humains. » (traduction libre).

Référence 

Artiste : Narcisse
Titre : la fin n’arrive jamais
Maison de disque : Pantoum Records
Date de parution : 9 septembre 2022

Cet album est diponible sur Apple Music, Bandcamp et Spotify