The Misandrists (film preview) – Photo modifiée par Les 3 sex – Utilisation équitable

Film • The Misandrists

16 novembre 2022
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Sarcastique, combatif, grivois – on reconnaît Bruce LaBruce dans son film de 2017, The Misandrists. Prenant des airs de couvent, une bande de 12 jeunes femmes et une poignée de « professeur.e.s » organisent une révolution féministe. « Bénies soit la déesse de tous les mondes qui a fait de moi une femme! » est leur crédo et elles l’entonnent même à la façon d’un bénédicité. Tout commence en 1999 au beau milieu d’une plaine d’Allemagne où Isolde (Kita Updike) et Hilde (Olivia Kundisch) se retrouvent pour s’étreindre. Elles découvrent Volker (Til Schindler), un révolutionnaire en fuite des autorités. Isolde le prend sous son aile et le cache au sous-sol, désobéissant ainsi à Big Mother (Susanne Sachße), celle orchestrant le groupuscule qu’elle nomme FLA (Female Liberation Army) et interdisant tout contact ou collaboration avec les hommes.

Fidèle à lui-même, Bruce LaBruce nous livre un film cinglant dans son style toujours résolument punk et queer. Ce réalisateur canadien a à son actif une douzaine de films, souvent pornographiques, qui traitent de sujets tabous à travers une lunette queer et subversive. Il fait cette fois-ci l’exercice d’avoir une distribution majoritairement féminine. Cette satire des mouvements de féministes radicales, plus particulièrement des TERFS¹, nous offre des scènes des plus burlesques, allant des cours encensant la parthénogenèse² à une vaginoplastie forcée. 

LaBruce valse sur la limite de ce qui est correct au sein des mouvements militants féministes et ce qui ne l’est absolument pas. À certains moments, il est à se demander si le propos du film ne peut être compris que du microcosme féministe et queer. Il est clair que le film tourne en dérision le féminisme essentialiste et ses positions transphobes. Cependant, la position politique de Bruce LaBruce n’était-elle pas intelligible que par une partie du public, consciente des enjeux de fond abordés? Peut-être est-ce aussi l’intention du réalisateur de nous laisser souvent perplexes, et parfois même perturbé.es. Si cette icône du queercore³ sait se jouer des lesbiennes politiques et des TERFS – il se moque aussi de nous. Quoi qu’il en soit, Bruce LaBruce nous plonge une fois de plus dans son chaos organisé, fougueux et étrangement doux à la fois.

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¹ TERF est un acronyme pour Trans-exclusionary radical feminist. Ce terme désigne une personne qui se dit féministe radicale, mais qui exclut les personnes de la diversité de genre par des positionnements essentialistes et transphobes. (Définition librement inspirée de Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/TERF)
² Mode de reproduction sans l’intervention d’un gamète mâle.
³ Mouvement culturel et social découlant des mouvements punks, caractérisé par une rupture avec la société en général, mais surtout avec les systèmes de domination opprimant les communautés LGBTQ+.

Référence 

Réalisation/création : Bruce LaBruce
Titre : The Misandrists
Date de parution : 13 février 2017

Ce film a été présenté dans le cadre de la Rétrospective Bruce LaBruce : Tendre et transgressif, présenté à la Cinémathèque québécoise en collaboration avec le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, du 27 septembre au 26 octobre. 

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