Ne t’inquiète pas chérie (affiche du film) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Film • Ne t'inquiète pas chérie

12 décembre 2022
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Deuxième long-métrage d’Olivia Wilde, Ne t’inquiète pas chérie nous plonge dans les années 50, dans la petite communauté appelée « Victory ». C’est Alice (Florence Pugh) et Jack (Harry Styles), un couple épanoui, qui nous entraînent dans leur vie bien rangée : l’une reste à la maison et effectue les tâches domestiques, et l’autre part travailler. Entre souper avec les couples voisins et évènements sociaux organisés par le dirigeant de la communauté, tout semble normal.  

En créant cette atmosphère où la vie des habitant.e.s est programmée selon des normes sociales de genre rigides, la réalisatrice tisse une réalité qui déstabilise. C’est alors qu’un questionnement émerge dans la tête du public : est-ce que tout ce bonheur est en fait une illusion? Cette question se fraie également un chemin dans la tête d’Alice. Pendant que son mari Jack grimpe l’échelon social et est promu dans son milieu de travail, la protagoniste est témoin d’événements et de comportements déroutants qui l’amènent à entreprendre des démarches pour comprendre ce qui lui arrive. Elle se retrouve ainsi à jongler entre désillusion et réalité, en plus de gérer son médecin qui invalide son état de santé mental et physique. Étrangement, ce sont seulement les femmes de la communauté qui se retrouvent à souffrir de problèmes étranges. 

Avec Ne t’inquiète pas chérie, Olivia Wilde réussit donc à construire un récit aux allures sectaires qui enferme le public dans un huis clos¹. Quant à Florence Pugh, sa performance envoûtante renforce la remise en question de nos propres perceptions, en plus d’illustrer avec brio le soi-disant monde parfait dans lequel les femmes² sont soumises au rôle de preneuse de soin et dans lequel leur droit au travail est remis en question. Ne t’inquiète pas chérie nourrit également d’autres réflexions sexologiques entourant le consentement, la satisfaction conjugale, la masculinité et la pression entourant le corps et la conscience féminine. Il engendre finalement plusieurs questionnements philosophiques et sexologiques sur la technologie et l’utilisation qui en est faite pour contrôler le corps et l’esprit des femmes. 

Malgré la richesse de ces thèmes et réflexions, l’histoire d’Alice et Jack s’inscrit dans un système hétéronormatif, qui n’est d’ailleurs jamais remis en question au fil du récit. Il aurait donc été intéressant d’y inclure des personnages de la diversité sexuelle et de genre, subissant également les conséquences insidieuses des stéréotypes et normes sexuelles au quotidien. Somme toute, la réalisatrice parvient à les critiquer par l’entremise d’une histoire bien ficelée et faisant écho à plusieurs enjeux féministes actuels. 

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¹Selon l’Assemblée Nationale du Québec, ce terme désigne une « [s]éance tenue hors de la présence du public dans le but de préserver le secret des témoignages, des documents reçus et des délibérations. »

² Le film s’inscrit dans un univers binaire et hétéronormatif.

Référence 

Réalisation/création : Olivia Wilde
Titre : Don’t Worry Darling
Date de parution : 21 septembre 2022


Ce film est disponible sur la plateforme Crave

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