« La parole est une plante fascinante.
Surtout quand on la laisse pousser comme elle veut.
Je marche.
Je pense au mot s’appartenir(e).
Je pense a ce petit e, enclavé dans le titre
            des soirées à venir.
Comme, oui, une graine qui dort dans
            la terre.
Qu’y a-t-il dans un titre?
Et si tout était déjà dans le pressentiment
            qu’on a des choses? Des mots? »

S’appartenir(e) est le cri percutant de huit autrices canadiennes tentant de se délivrer des questionnements et paradoxes complexes qui les habitent. Pièce à la fois simple dans son exécution et circonspecte dans son contenu. Des thèmes liés à chacun.e.s d’entre nous, de près ou de loin, sont soulevés et inspectés de manières originales et prenantes. De la poésie à la lettre ouverte, en passant par le dialogue et les listes, nous sommes amené.e.s à réfléchir sur des questions d’identités profondes, de territoires, d’amour, d'Histoires aussi, à celles des peuples autochtones, encore trop incomprises et pas assez réitérées. À travers un mélange de tons parfois humoristiques, parfois cyniques, parfois sérieux, nous sommes porté.e.s devant les nuances du féminin. Solidarité, difficulté, révolte; quels sont les aspects de la féminité qui lui donnent ce nom, et comment la faire entendre? 

C’est au printemps 2015 que Joséphine Bacon, Marjolaine Beauchamp, Véronique Côté, France Daigle, Rébecca Déraspe, Emmanuelle Jimenez, Catherine Léger et Anne-Marie Olivier décident de rassembler leur fougue afin de monter une pièce qui sera présentée à trois reprises au cours de l’année, soit à la soirée d’ouverture du Festival du Jamais Lu aux Écuries à Montréal, au théâtre français du Centre National des Arts à Ottawa ainsi qu’au Théâtre du Trident à Québec. La pièce sera ensuite éditée et publiée par Atelier 10 pour les personnes lectrices. Avec en commun l’écriture et le désir de changer les choses, les autrices de Québec, Montréal, Moncton et Ottawa soulèvent les questions omniprésentes qui rongent nos identités personnelles et collectives. 

L’autodétermination des femmes autochtones, la violence domestique, la grossesse, l’avortement, les relations amoureuses et sexuelles, le célibat ainsi que la santé mentale sont tous des thèmes explorés ardemment et intélligement qui font de cette pièce un ouvrage profondément diversifié, féministe et sexologique. La diversité des sujets abordés permet au lectorat de se tracer une idée sur la notion de s'appartenir en tant que femme ainsi que de décortiquer les différentes façades de l’identité féminine, que cela soit lié au territoire, à la maternité ou à la sexualité. Il est cependant important de mentionner que toutes les autrices de cette pièce sont des femmes cisgenres; les perspectives abordées ne sont donc pas inclusives des identités sortant de la cisidentité, telles que les perspectives des personnes trans et/ou non binaires. Avec le nombre élevé d’autrices ayant participé à cet ouvrage, il aurait été pertinent et possible d’y intégrer le point de vue de ces personnes. L’identité de genre est obligatoirement ancrée dans la question générale de l’identité personnelle et l’omettre de l’étude sur la notion de s'appartenir est une erreur de cette pièce. 

En bref, S'appartenir(e), c’est la parole collective de femmes soudées, féministes et résolues qui entre en ligne avec chacunes de leurs œuvres individuelles. Avec ses propos décomplexés, vrais et recherchés, cette pièce saura définitivement vous faire réfléchir sur des questions intrinsèquement liées à l’identité, la liberté et à ce que ça veut dire de S'appartenir(e).

Référence 

Autrices : Joséphine Bacon, Marjolaine Beauchamp, Véronique Côté, France Daigle, Rébecca Déraspe, Emmanuelle Jimenez, Catherine Léger et Anne-Marie Olivier
Titre : S’appartenir(e)
Date de parution : 17 Mars 2015
Maison d’édition : Atelier 10

Ce livre est disponible en format numérique à la BANQ. Il est également possible de se le procurer en librairie au coût de 12,95$.