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Recension · Contraception cismasculine

4 juin 2024
Elisa Bagaud
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Les grossesses non désirées aux États-Unis représentent un problème de santé publique complexe, avec des conséquences importantes pour la santé des enfants et des familles. Les risques sur la santé mentale, les difficultés socio-économiques et les impacts généraux sur la qualité de vie sont bien documentés. Malgré les avancées des 75 dernières années en matière de contraception pour les personnes ayant un utérus, les taux de grossesses non planifiées demeurent stables (40 à 45 % aux États-Unis), reflétant les limites des méthodes contraceptives actuelles et leurs effets secondaires (Thirumalai et al., 2020). Parmi les méthodes contraceptives couramment utilisées, les préservatifs, bien qu'efficaces pour prévenir les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), présentent une efficacité pratique limitée en termes de prévention des grossesses non désirées. Environ 15 partenaires intimes hétérosexuel.le.s sur 100 utilisant des préservatifs pendant un an connaissent une grossesse non planifiée, selon les données d'ameli¹. D'autres approches contraceptives, telles que la vasectomie, ont montré leur efficacité mais ne sont toujours pas envisageables pour toutes les personnes produisant des spermatozoïdes fonctionnels. Les contraceptions hormonales masculines, notamment l'injection intra-testiculaire de testostérone ou l'injection intramusculaire combinée à la prise orale de progestérone, ont été étudiées pour leur capacité à réduire la production de spermatozoïdes. Cependant, les résultats de la première méthode restent imprévisibles et la seconde induit des effets secondaires tels que gain de poids, changements de libido, humeur instable et acné (Behre et al., 2016; Coviello et al., 2004). Cependant, des avancées récentes dans la recherche sur la contraception masculine offrent de nouvelles perspectives. Des études ont montré qu'une diminution significative du nombre de spermatozoïdes, sans atteindre nécessairement l'azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme), pouvait suffire à assurer une contraception efficace (Thirumalai et al., 2020). Par exemple, l'utilisation combinée de testostérone transdermique (T gel) avec la prise de progestérone a démontré une efficacité élevée sans les effets secondaires notables observés avec d'autres méthodes (Soufir et al., 2011). L'introduction d'une contraception masculine efficace et bien tolérée pourrait avoir un impact significatif en santé publique. Des modèles suggèrent qu'aux États-Unis, une réduction de plusieurs pourcents (3.5 %) des grossesses non désirées pourrait être atteinte avec seulement 10 % d'hommes utilisant une pilule contraceptive masculine (Dorman et al., 2018). Cela souligne l'importance de poursuivre les recherches et les développements dans ce domaine afin d’offrir une gamme diversifiée et efficace de méthodes contraceptives, contribuant ainsi à la santé reproductive et au bien-être des individus.

 

¹https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/contraception/efficacite-moyens-contraceptifs 

 

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Nous utilisons les termes « hommes » et « femmes » en référence aux relations hétérosexuelles cisgenres, car il s’agit principalement des termes utilisés dans les études citées. Toutefois, nous reconnaissons que cette terminologie caractérise de manière insuffisante et inéquitable les personnes ayant des relations sexuelles susceptibles d'aboutir à une grossesse. De plus le terme « contraception masculine » réfère aux méthodes de contraception développées pour les hommes cisgenres selon la documentation scientifique ci-dessous. Cependant, nous sommes conscient.e.s que cette terminologie n’est pas inclusive pour les personnes de la diversité de genre.  

 

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