Trente est le récit d’une femme de vingt-neuf ans qui est convaincue qu’elle mourra à trente ans. Elle documente dans un journal sa dernière année de vie, du mois de l’anniversaire de ses vingt-neuf ans jusqu’au dernier mois avant qu’elle n’atteigne ses trente ans. Elle fait part de ses pensées en lien avec son angoisse existentielle ressentie en tant que femme atteignant bientôt la trentaine, et ce, au sein d’une société où vieillir est mal perçu, surtout chez les femmes.
Marie Darsigny est une autrice montréalaise. Féministe, elle a cofondé « Filles Missiles », une plateforme littéraire qui discute de l’écriture des femmes (Babelio, 2024). Son roman Trente a été publié en 2018 au sein d’une société qui met beaucoup de pression aux femmes quant à l’apparence et la jeunesse. Le livre Trente veut donc mettre en lumière le culte de la jeunesse voué aux femmes.
Trente atteint tout à fait l’objectif de dénoncer le culte de la jeunesse et démontre l’angoisse existentielle et la peur de vieillir. Le livre ose aborder le tabou du vieillissement, et ce, en toute authenticité et transparence. Trente remet bien en question l’âgisme et la misogynie vécues de manière simultanée par les femmes à partir de trente ans.
L’autrice utilise beaucoup la colère pour nommer ses pensées en lien avec sa peur de vieillir. Elle a utilisé la colère comme arme pour dénoncer l’âgisme vécu par les femmes à partir de trente ans. Montrer sa colère sans aucun détour est un militantisme en soi, notamment dans une société où l’expression de la colère chez les femmes est très souvent perçue comme de l’hystérie et de la folie. Il y a ici une validation de la colère et des angoisses ressenties par les femmes par rapport à l’âgisme qu’elles peuvent vivre.
Darsigny mentionne consommer des drogues et de l’alcool, qui est un autre tabou très rarement abordé, et qui est aussi mal vu, notamment chez les personnes censées refléter l’idéal sociétal de la trentenaire. D’ailleurs, elle nomme les attentes véhiculées par la société chez les personnes de trente ans : avoir du succès dans sa carrière, avoir une stabilité financière, avoir une maison, être marié.e, avoir des enfants ou planifier en avoir, etc. Elle explique n’avoir rien accompli de tout cela et nomme être elle-même une vieille fille. Cependant, elle se donne cette étiquette fièrement, malgré qu’elle soit habituellement utilisée avec une connotation négative dans notre société. Darsigny met donc en lumière que les femmes n’ont pas forcément à entrer dans les rôles sociaux genrés attendus par la société patriarcale, notamment ceux d’être mère et épouse, et qu’il existe d’autres avenues possibles. Ce témoignage de Darsigny concernant la fin de sa vingtaine valide les expériences multiples qui diffèrent du chemin de vie tracé par la société.
L’autrice montre son militantisme tout le long de son livre, notamment en dénonçant le manque de représentations de femmes ayant plus de trente ans, en utilisant des modèles féminins tels que Nelly Arcan, Marie-Sissi Labrèche, Elizabeth Wurtzel et Angelina Jolie. Elle nomme sans gants blancs des tabous et montre l’importance de les aborder pour diminuer la stigmatisation. Darsigny se montre d’ailleurs elle-même comme une représentation de militantisme féministe et s’opposant à l’âgisme, à la misogynie et au culte de la jeunesse.
Référence
Auteure : Marie Darsigny
Titre : Trente
Date de parution : 17 septembre 2018
Maison d’édition : Remue-MénageCe livre est disponible en format papier et en format numérique à la BANQ. Il est également possible de se le procurer en librairie au coût de 16,95$.