« Être l’épouse du roi Henri VIII a toujours constitué une position périlleuse. »
Sa dernière femme, pièce de théâtre signée par la dramaturge canadienne Kate Hennig, fait ses débuts en français grâce à la traduction de Maryse Warda. Mise en scène par Eda Holmes au Théâtre du Rideau Vert, cette œuvre raconte l'histoire de Catherine Parr (ou Kate Parr), la sixième et dernière épouse du roi Henri VIII.
Dans cette pièce, les spectateurs et spectatrices sont invité.e.s à suivre différents moments fictifs de la vie de Catherine Parr, lorsqu’elle se voit obligée d’épouser le roi du Royaume britannique. Je précise : moments inventés, certes, mais fortement inspirés de l’histoire et de la personnalité de la reine. Femme cultivée et déterminée, Kate Parr a joué un rôle important au niveau de l’éducation du fils du roi, mais elle a aussi usé de son pouvoir et de son influence pour convaincre le roi de reconnaître la légitimié de ses filles. Elle est également nommée reine régente lors d’une absence du roi : elle dirige le pays, la logistique, l'approvisionnement et les finances avec efficience.
Pour Kate Hennig, Catherine Parr est la « figure parfaite pour parler d’ambition et d'émancipation au féminin ». Dans cette pièce, comme l’explique bien Denise Filiatrault, ancienne directrice artistique du théâtre, l’autrice a décidé de laisser de côté le langage plus soutenu du théâtre traditionnel et fait parler les comédien.ne.s dans une langue très contemporaine.
Tout au long de la pièce, la comédienne Marie-Pier Labrecque, interprète de Kate, se donne cœur et âme au jeu, incarnant avec puissance la reine, forte figure des piliers social et familial. Henri Chassé l’accompagne tout en nuances dans le rôle du roi, figure imposante du pouvoir qu’on ne peut contredire. C’est une pièce qui aborde les thèmes du pouvoir, de l’amour, de la puissance et de l’intelligence, mais aussi de la dualité et de la confiance dans un couple. L'œuvre met de l’avant et souligne les épreuves auxquelles les femmes d’hier et d'aujourd'hui sont confrontées dans des milieux de pouvoir. Cet hommage au mariage entre le roi Henri VIII et Catherine Parr met de l’avant une reine intelligente et féministe qui a su utiliser ses aptitudes pour conquérir le roi et influencer les décisions du pays.
Quoique la pièce comporte certaines longueurs, la majorité des scènes sont dynamiques dans les dialogues et les échanges entre les comédien.ne.s, qui vont et viennent rapidement selon des mouvements de mise en scène actifs et vivants. Les décors et costumes contemporains transcendent l’histoire dans le présent et rendent les évènements du passé accessibles et identifiables dans un contexte moderne. On se reconnaît facilement dans les personnages et leurs enjeux.
Je termine en applaudissant la justesse avec laquelle le thème du consentement est abordé. Lors de sa demande en mariage, Kate conclut une entente avec le roi et refuse d’être soumise à ses envies sexuelles. Elle mentionne haut et fort qu’elle doit dire OUI pour que son mari et elle fassent l’amour. À plusieurs reprises dans le texte et dans la mise en scène, Kate refuse les avances sexuelles du roi, et celui-ci respecte sa décision à chaque fois. Il prend également le temps nécessaire de lui demander son consentement avant chaque moment d'intimité.
En bref, une pièce de théâtre féministe écrite et créée par des femmes qui souligne et témoigne du pouvoir d’une femme, du pouvoir de la femme.
Référence
Scénariste : Kate Hennig
Traduction : Maryse Warda
Mise en scène : Eda Holmes au Théâtre du Rideau Vert
Titre : Sa dernière femme