L’homonormativité est un concept apparaissant dans la deuxième moitié du 20e siècle, pour ensuite être davantage popularisé par la professeure d’études queers Lisa Duggan dans les années 1990. Cette recension inclut des textes fondateurs autour de l’utilisation de ce terme (surtout appliqué au vécu des hommes cis gais blancs) ainsi que des études plus récentes qui mobilisent ce concept pour l’appliquer plus largement aux communautés LGBTQ+. En général, l’homonormativité se décrit comme une forme de revendication LGBTQ+ qui cherche à se tailler une place parmi le narratif et les institutions hétéronormatives, et par le fait même reproduit ces normes plutôt que de les remettre en question.
Historiquement, une volonté de définir ce qui était « acceptable » comme manière d’être homosexuel.le a émergé après la Seconde mondiale. On souhaite que les individus se conforment aux normes de genres, passent comme personnes hétérosexuelles en public et surtout, confinent leur sexualité à la sphère privée. Ceci s’oppose au désir de définir une identité queer et aux mouvements de justice sociale entourant cette identité. Dans les milieux militants gais et lesbiens, les courants homonormatifs se positionnaient contre l’homophobie de la droite, mais se différenciaient aussi des positions de la gauche appelant à une restructuration de la société.
Duggan présente le concept d’homonormativité dans le contexte du capitalisme, en tissant des liens avec l’inclusion des personnes LGBTQ+ dans l’institution du mariage et la culture de consommation (capitalisme rose). L’homonormativité serait la « politique sexuelle du néolibéralisme » (Duggan, 2002: page). Certains textes explorent d’autres exemples spécifiques du concept d’homonormativité tel qu’il s’actualise dans la culture du dating et dans le monde du travail (Mowlabocus, 2021), dans l’éducation à la sexualité (Lecuyer, 2024) ou encore dans les liens avec l’idéologie nationaliste (homonationalisme) (Rupp, 2011).
Des auteurs et autrices ont une position plus critique par rapport à l’utilisation du concept, parfois restreinte à un contexte urbain (Brown, 2012) ou encore invisibilisant les processus de survie des personnes LGBTQ+ plus âgées (Rosenfeld, 2009).
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