Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de la revue.

- Je ressens de l’attirance envers un autre. Je t’aime, mais je n’ai pas de désir pour toi.

- C’est impossible, Pam!

Voilà une des dernières discussions avec mon ex-mari. Un homme chez qui la monogamie était bien ancrée. Notre vie sexuelle a toujours été un sujet épineux entre nous. Je savais au fond de moi que quelque chose n’allait pas. Mais quand on manque de confiance en soi, on accepte parfois le peu, en pensant que c’est déjà beaucoup.

Durant de nombreuses années, je lui ai dit qu’il n’avait qu’à se trouver une femme avec qui il pourrait combler ce manque, mais il ne voulait pas en entendre parler. Par manque de confiance en lui ou en moi? Par peur qu’en s’autorisant cet écart, il doive m’accorder la même liberté? Je ne le saurai jamais.

C’est le coup de foudre que j’ai eu pour un autre homme qui m’a fait réaliser l’absurdité de tout cela: est-ce que j’étais prête à vivre avec un homme pour qui je n’avais pas de désir pour le reste de ma vie? Amour et désir sexuel, ça va toujours ensemble… non?

Eh bien, la réponse est non.

Me séparer a été une délivrance, mais aussi une totale remise en question. Qui suis-je sans l’Autre? Mon rôle de maman et de femme me définissait complètement. Réaliser que j’avais enfoui ma libido durant toutes ces années a été le plus déstabilisant dans mon parcours post-séparation.

J’ai sauté dans l’aventure des applications de rencontres très rapidement. Je craignais de finir seule… Après plusieurs rencontres décevantes, le constat restait le même: l’amour et le désir sexuel ne vont pas toujours de pair. Je recherchais l’amour dans ces rencontres beaucoup trop rapides et impersonnelles.

Et un jour, une photo a tout changé.

Je venais de mettre au monde mon dernier enfant (parce que oui, je me suis séparée en pleine grossesse…). J’avais envie de me recentrer sur moi-même, mais je regardais quand même les selfies que les hommes publiaient dans un groupe Facebook de parents célibataires. Je ne sais pas pourquoi cette photo m’a accrochée, mais c’est comme ça que j’ai fait la rencontre d’un homme qui a littéralement changé ma vie.

C’était irréel : je venais d’accoucher et pourtant, quelque chose s’est allumé. Il a su me mettre en confiance rapidement. L’écoute était très présente entre nous. On parlait de nos craintes, de ce qu’on voulait, de ce qu’on ne voulait plus. Nous étions tou.te.s les deux d’accord que nous ne voulions pas d’une relation où nous nous sentions pris.e.s pour acquis. Nous avons eu plusieurs échanges concernant l’idéologie de la monogamie et c’est comme ça que j’ai appris qu’il avait déjà eu une relation libertine dans le passé.

Des dizaines de recherches plus tard, de nouveaux termes sont apparus dans mon vocabulaire et j’ai compris que j’étais libertine sans le savoir et que je voulais vivre mes vies intime et sexuelle autrement. Ce désir de liberté en moi était très fort. J’avais trop longtemps freiné mes attirances envers d’autres hommes et je n’avais plus envie de vivre de cette façon.

Nous avons donc, d’un commun accord, ouvert notre couple.

Vivant sur les deux rives opposées de Montréal, nos pulsions ne peuvent pas toujours être comblées dans l'immédiat. Et c’est là que notre réalité géographique rejoint celle de notre couple ouvert : entre les ponts, il y a de l’espace – et une certaine liberté. Mais pour moi, ce n’est pas qu’une question de sexe. C’est le besoin de me libérer du poids de l’interdit. Je n’ai pas envie de risquer cette relation pour un désir de passage. Mais j’ai envie de pouvoir choisir.

Choisir de suivre cette attirance ou non. Accepter ou refuser des avances, non pas parce que je suis en couple, mais parce que j’en ai envie ou pas. Parce que c’est ça, ma liberté : la liberté de choisir.