Héroïne de la série de jeux Tomb Raider, Lara Croft est l’un des premiers personnages principaux féminins jouables et actifs dans l’histoire des jeux vidéo qui sont jusqu’alors caractérisés par une prédominance masculine. Son arrivée sur le marché vidéoludique crée ce que certains appellent « The Lara Phenomenon », soit une présence accrue de personnages féminins forts et compétents que l’on peut incarner dans les jeux vidéo. Néanmoins, Lara Croft et ces personnages féminins mis à l’avant-scène demeurent souvent problématiques puisqu’ils sont pour la grande majorité sexualisés.

Plusieurs auteur·e·s soulignent le caractère ambivalent de Lara Croft, soit qu’elle représente une image positive des femmes en se retrouvant dans un rôle principal que les joueur·se·s peuvent incarner d’une part, mais qu’elle est aussi problématique puisqu’elle est présentée de manière sexualisée d’autre part. Certain·e·s mentionnent également la nécessité de prendre en considération le point de vue des joueur·se·s en étudiant leur manière de jouer (avec) Lara, car leurs interprétations et appropriations permettent d’exagérer le caractère sexualisé du personnage, mais aussi de lui attribuer un potentiel féministe.

Le discours de certain·e·s fans nous amène à poser un regard plus complexe sur le personnage de Lara Croft ne s’arrêtant pas uniquement à ses attributs physiques. La lecture que font certain·e·s fans de Lara Croft se retrouve entre la subversion et l’objectivation. Sans nier la sexualisation de l’héroïne, il·elle·s font le choix de se concentrer sur la psychologie du personnage et ses habiletés athlétiques surhumaines. Cette vision particulière de Lara Croft a une incidence sur la relation que construisent les fans avec le personnage puisque cela ne les amène pas à le considérer comme un objet à leur disposition pour leur plaisir visuel.

par Élodie Simard