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Témoignage • Même sans douce moitié, je suis complète

14 février 2020
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Les témoignages sont des textes produits par des personnes ne provenant pas obligatoirement des disciplines sexologiques ou connexes. Ces textes présentent des émotions, des perceptions et sont donc hautement subjectifs. Les opinions exprimées dans les témoignages n'engagent que leurs auteur.e.s et ne représentent en aucun cas les positions de la revue.

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J’étais une ado serial monogamist. Toujours en couple ou entre deux relations, ce qui ne durait jamais bien longtemps. Au début de la vingtaine, j’ai mis fin à une relation de six ans. J’ai découvert la liberté. Le célibat est arrivé à un moment opportun de ma vie où tout ce dont j’avais envie était de voyager. J’étais la anywhere but here girl. Le célibat est ainsi devenu synonyme de liberté. J’avais aussi besoin de ce temps pour fouler différents sols, pour me trouver, m’améliorer, travailler, pour devenir la meilleure version de moi-même.

Pendant ces années de célibat, j’ai non seulement appris à me connaître, mais, surtout, j’ai su défaire le mythe destructeur de la « douce moitié ». Je suis une personne à part entière, thank you very much. Je n’ai pas besoin de quelqu’un ni pour me compléter ni pour être heureuse.

J’ai d’ailleurs pu mettre le doigt sur un sentiment profond que j’étais incapable de (m’)expliquer : je suis sur le spectre de l’aromantisme. Je n’ai jamais vraiment compris ce que les gens voulaient dire lorsqu’ils témoignaient de leur sentiment amoureux. Je trouvais le tout bien mystérieux, beaucoup trop intense. Je ne comprenais pas du tout comment quelqu’un pouvait se mettre dans de tels états à cause d’une autre personne. Je suis grey aromantic, c’est-à-dire que je dois développer une relation profonde avant d’être amoureuse.

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La pression sociétale d’être en couple hétérosexuel monogame me pèse particulièrement puisque je la trouve ancrée dans le sexisme et la cisnormativité. Ainsi, cela sous-entend que, pour qu’une relation soit équilibrée, celle-ci doit inclure un homme et une femme. D’un côté, un homme apporte quelque chose de bien précis dans une relation et une femme apporte d’autres choses. Que fait-on des personnes non binaires? Des relations non hétérosexuelles? Des personnes polyamoureuses?

Suis-je incapable de sortir les poubelles parce que je suis une femme? Est-ce qu’un homme est incapable de se nourrir s’il n’est pas en couple avec une femme cis? Ces stéréotypes essentialistes, selon lesquels les femmes auraient certaines caractéristiques (douce, maternante) et les hommes d’autres caractéristiques (courageux, fort), renvoie à l’idée selon laquelle pour parvenir à un équilibre, il faut partager sa vie avec un.e autre. Bref, nous ne serions pas des êtres autonomes et nous ne nous suffirions jamais à nous-mêmes, car certaines caractéristiques nous empêcheraient de bien fonctionner dans la société sans l’accès à celles de l’autre.

N’empêche, je suis bien, seule. J’apprécie ma propre compagnie. Je peux faire ce que je veux. Je n’ai pas de contraintes. Je n’ai pas à réfléchir à l’impact de mes décisions sur quelqu’un d’autre. Je me suffis à moi-même.

Passer sa vie à rêver de trouver son âme sœur, ça nous fait vivre dans l’attente et l’espoir. Et ça peut être drainant. La déception peut être grande, très grande. Alors que de se suffire à soi-même, c’est inspirant.

Être célibataire, pour moi, ça a signifié être intransigeante quant aux paramètres d’une relation. Ne pas faire d’exception sur mes limites. Ne pas prendre de décisions en fonction de quelqu’un d’autre. Je me suis souvent sentie prise au piège dans des relations. Plus maintenant.

Se réclamer du célibat, c’est faire un gros fuck you aux attentes sociétales.
Et déconstruire les attentes sociétales, c’est une de mes passions.

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D'autres témoignages sont disponibles dans le dossier « Célibat. Vers une redéfinition positive ». N'hésitez pas à consulter le dossier en entier pour en connaitre plus sur cette réalité.

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