Euphoria (affiche de la série) – Photo modifiée par Les 3 sex* – Utilisation équitable

Série • Euphoria

16 mai 2022
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Euphoria, l’émission la plus écoutée sur la chaîne HBO après Game of Thrones, est un drame pour adolescent.e.s portant sur la dépendance à la drogue et la sexualité. La première saison, écrite et produite par Sam Levinson, est parue sur le petit écran en juin 2019. Levinson s’est inspiré de la mini-série éponyme du réalisateur israélien Ron Leshem pour créer le personnage de Rue Bennett (Zendaya), une adolescente neurodivergente qui souffre de problèmes de dépendance à la drogue. La série débute au moment où Rue sort d’un centre de réadaptation en toxicomanie, à la suite d’une surdose qui lui aura presque coûté la vie. Au moment de commencer la nouvelle année scolaire, elle se lie d’amitié avec Jules (Hunter Schafer), une jeune trans qui vient d’emménager dans la banlieue états-unienne qui servira de décor à toute la série.

Si l’émission se construit surtout autour des impacts de la dépendance à la drogue sur les relations et la famille, comme c’était le cas pour la série Feel Good réalisée par Mae Martin, la narration nous entraîne successivement auprès des quelques personnages. Ces derniers gravitent autour de Rue et de Jules et à travers ceux-ci sont abordés divers enjeux liés à la sexualité et aux technologies. Les nudes et les vidéos sexuellement explicites, par exemple, sont un thème central et récurrent d’Euphoria. Rue nous propose un véritable cours sur l’évaluation des photos de pénis (celles envoyées avec consentement, évidemment); on participe à la séance de prise de photos nues de Jules, qui demande de l’aide à Rue; on voit comment la diffusion illicite du contenu sexuel entraîne les personnages masculins à objectifier et à slut shammer les adolescentes. La sextorsion deviendra, au fil des épisodes, un puissant levier pour manipuler les personnages.

Heureusement, la perspective d’Euphoria demeure critique et sex positive. On dépeint certes les mécanismes engendrant de la violence sexuelle, mais la série révèle également comment les personnages se réapproprient certaines situations. Suite à la diffusion non-consentie d’une vidéo d’elle sur des sites pornographiques, Kat Hernandez (Barbie Ferreira) constate le potentiel qui réside dans le travail du sexe en ligne et son arc narratif nous montre sa transformation en dominatrix (personnage féminin dominant dans le BDSM) ainsi que son évolution par rapport à la grossophobie qu’elle subit à l’école. Si la série aborde souvent de façon informée et critique certains enjeux sexuels, d’autres fois, la narration laisse en plan les conséquences de certains abus, ce qui en minimise la gravité.

Enfin, Euphoria demeure une expérience visuelle et esthétique marquante. La réalisation a opté pour une narration composée de retours en arrière et de parenthèses abruptes ainsi que des mouvements de caméra très travaillés qui traduisent habilement la consommation de drogue et les troubles de santé mentale. Deux épisodes hors-série ainsi qu’une deuxième saison sont disponibles en ligne.

Référence 

Réalisation/création : Sam Levinson
Titre : Euphoria
Date de parution : 2019

Cette série est disponible sur Crave

Drogue, dépendance, santé mentale, sextorsion, nu, réappropriation, dominatrix, grossophobie, série télévisée