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Roman • La Vallée des Fleurs

24 janvier 2023
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C’est cinq ans après la parution de son premier roman, Homo Sapienne, que l’autrice Niviaq Korneliussen nous présente son deuxième ouvrage, La Vallée des Fleurs. Après avoir marqué la littérature groenlandaise queer avec un récit qui impliquait cinq personnages LGBTQ+, l’écrivaine – elle-même queer – nous entraine cette fois dans la vie d’une Inuite vivant à Nuuk, capitale du Groenland. Elle, dont le prénom n’est jamais mentionné, y réside avec sa famille et entretient une relation à distance avec son amoureuse, Maliina, qui elle, vit dans une autre région. 

En compagnie de la protagoniste, l’autrice nous fait voyager du Danemark à Tasiilaq¹, en passant par la vallée des fleurs, endroit fictif important pour la narratrice. Ces voyages sont motivés, d’une part, par le désir d’étudier à l’extérieur et, d’autre part, d’aller rendre visite à des proches endeuillés. Car c’est le deuil et la mort qui sont centraux dans La Vallée des Fleurs. En effet, dès le début du récit, le message de Niviaq Korneliussen est clair : une épidémie de suicides ronge les communautés du Groenland. Contrairement aux instances gouvernementales présentes dans le livre, l’autrice n’a pas peur de l’adresser. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait au début des quarante-cinq chapitres, en présentant le suicide d’une personne². Cette trame de fond accompagne la protagoniste et le lectorat tout au long d’un récit qui devient de plus en plus sombre. Deuil après deuil, les personnages – et surtout la protagoniste – se retrouvent à vivre des moments éprouvants qui affligent leur santé mentale. 

Évoquant fréquemment les éléments positifs associés à l’amour de l’autre, de soi et de sa famille, en plus de présenter les paysages envoûtants groenlandais qui enveloppent le récit, l’autrice réussit à raviver l’espoir d’un jour meilleur. Le ton intime de l’étudiante inuite nous permet aussi de partager cette histoire avec elle, tout en observant ses aspects queer et culturel. La manière avec laquelle elle jongle avec son homosexualité à travers ses relations familiales permettent notamment au lectorat de les décortiquer en voyant comment ceux-ci modulent son cheminement personnel et communautaire.

En somme, La Vallée des Fleurs s’inscrit en continuité avec le travail littéraire et queer que Korneliussen a fait avec son premier roman. Avec ses propos justes, crus et intimes, elle réussit à nous transporter dans la communauté de Nuuk et à nous faire vivre et ressentir, les impacts individuels et collectifs d’un fléau mortel.

***

¹ Région insulaire groenlandaise, située au sud-est.
² Par exemple : « Femme. 38 ans. Pendaison. » (p.13)

Référence 

Auteur.e : Niviaq Korneliussen
Titre : La Vallée des Fleurs
Date de parution : 20 janvier 2022
Maison d’édition : Éditions La Peuplade

Ce livre est disponible en format papier et numérique à la BANQ.  Il est également possible de se le procurer en librairie au coût de 27,95$.

suicide, autochtone, Groenland, deuil, famille, communauté, santé mentale, solitude, queer, dépression.