Unsplash/Avi Richards – Photo modifiée par Les 3 sex*

« BM Boys » : des sextorsionneurs ouestafricains recrutent sur Tiktok

13 mai 2025
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Un réseau criminel d’Afrique de l’Ouest piégeant des jeunes en ligne par sextorsion affiche sa réussite et recrute sur Tiktok, rapporte The Guardian.

Le groupe criminel, surnommé les « BM Boys » en référence au terme anglais blackmail (chantage), crée de faux profils féminins sur Instagram pour séduire des garcons adolescents, leur soutire des photos intimes puis les menace de les divulguer à leurs proches s’ils ne paient pas des rançons allant de 500 à 3000 dollars. Différentes techniques sont utilisées pour rendre ces profils davantage crédibles, telle que le « bombing », où les arnaqueurs suivent massivement un grand nombre de personnes au sein de communautés en ligne spécifiques, comme celles suivant une école, une équipe sportive ou une célébrité. Les escrocs partagent ensuite leurs réussites sur Tiktok pour recruter d’autres jeunes dans ce système criminel, en diffusant des tutoriels et en mettant en scène l’aspect lucratif de l’activité par l’exposition de signes de richesse. Certaines vidéos cumulent 2000 « j’aime », et de nombreux utilisateurs supplient les escrocs de leur apprendre leurs techniques dans les commentaires. 

En 2024, Meta a annoncé avoir supprimé 63 000 comptes Instagram associés à des sextortionnistes basés au Nigéria. En 2023, le Centre national américain pour les enfants disparu.e.s et exploité.e.s a recensé plus de 26 000 cas de sextorsion financière visant des mineur.e.s, et au moins 46 adolescent.e.s américain.e.s se sont suicidé.e.s depuis 2021 à la suite de ces chantages. C’est par exemple le cas de Jordan DeMay, 17 ans, dont les agresseurs ont poursuivi leurs activités criminelles même après sa mort.

Pour enrayer ce fléau, des expert.e.s (comme  le Centre canadien de protection de l’enfance) appellent à renforcer la protection des jeunes sur les réseaux sociaux, notamment en supprimant l’accès aux listes d’ami.e.s même pour les abonné.e.s approuvé.e.s, en rendant les comptes d’adolescent.e.s privés par défaut, en cachant leurs profils dans la fonction recherche et en intervenant plus activement dans les comportements suspects. Certaines mesures ont été adoptées par Meta, comme le floutage automatique des images explicites et l’alerte lors de communications avec des personnes à l’étranger, mais les spécialistes estiment que celles-ci demeurent largement insuffisantes.

Luttons contre les cyberviolences basées sur le genre!

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Référence
https://www.theguardian.com/us-news/2025/may/11/sextortion-nigeria-bm-boys-tiktok

Source
S.O.

extorsion, violence sexuelle, escroquerie, manipulation, coercition, cyberviolence, leurre, brouteur

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